«Je n'ai jamais voulu établir un lien entre le conseiller national UDC Christoph Mörgeli et le médecin nazi Josef Mengele», affirme-t-il. «Je voulais parler du monstre qui a sévi à Auschwitz mais ne je ne me souvenais plus de son nom. Je me suis adressé à mon voisin pour qu'il me rafraîchisse la mémoire en lui demandant s'il s'appelait bien Mörgele. Il m'a répondu: non c'est Mengele».
Certains parlementaires y ont vu un jeu de mots délibérés. L'UDC valaisan Oskar Freysinger, présent lors de l'incident, affirme que le conseiller fédéral était très en verve lorsqu'il a déclaré qu'il avait failli dire «docteur Mörgele». A son avis, il s'agit d'un dérapage, même s'il n'était pas prémédité. Réponse de Pascal Couchepin: «Ce n'était pas une plaisanterie. Certains pensent savoir mieux que moi ce que j'avais en tête.»
L'incident a eu lieu vendredi et il a été rendu public mercredi suite à une indiscrétion d'un membre de la commission. Le chef du Département de l'intérieur s'exprimait à l'occasion d'une discussion sur la recherche sur l'être humain. Il plaidait pour un cadre légal strict et détaillé de façon à éviter les dérives du Troisième Reich. «Je venais de participer à une cérémonie très émouvante en l'honneur des Justes qui ont sauvé des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Je n'aurais sans doute pas pensé à évoquer un monstre comme Mengele sans cette cérémonie».
Josef Mengele s'est rendu tristement célèbre à Auschwitz avec ses expériences pseudo-médicales sur des prisonniers. Des milliers de morts lui sont attribués, voir des centaines de milliers dans la mesure où, à l'arrivée des trains, il sélectionnait les prisonniers retenus pour le travail ou des expériences médicales et ceux envoyés à la chambre à gaz.
Pour l'UDC, les déclarations de Pascal Couchepin sont indignes d'un président de la Confédération et elle a exigé des excuses. Le conseiller fédéral n'a pas l'intention de lui donner satisfaction: «Je ne peux pas m'excuser car il n'y avait aucun rapport avec Christoph Mörgeli. Par contre, je suis désolé qu'il se sente blessé. Cela ne me viendrait pas à l'idée de comparer un parlementaire démocratiquement élu à Mengele.» La polémique menaçait d'enfler en Suisse alémanique, notamment à la suite d'une réaction de Christoph Mörgeli opportunément filmée devant l'ancien camp de concentration de Buchenwald: «C'est une atteinte aux victimes de l'Holocauste.». Des critiques sont également venues des rangs radicaux. Le président de la section de Schwyz estime l'incident inadmissible.
Pascal Couchepin se dit touché par les réactions. «Le noyau central de mes convictions est le respect de la personne humaine ainsi que la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie et l'intolérance. Je regrette cette polémique qui donne l'impression qu'on traite avec légèreté un drame sans pareil alors que c'est exactement le contraire.» / CIM