Calmy-Rey craint pour la cohésion sociale

Pour la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, de croissantes inégalités mettent en danger la cohésion sociale du pays. Une critique qui touche la concurrence fiscale entre cantons. Dans une interview parue hier dans la «SonntagsZeitung», la présidente de la Confédération fait un premier bilan de ses rencontres avec la population. La Suisse a toujours été un pays d'équilibre, entre Confédération et cantons, dans le domaine social, de l'environnement, dit-elle, mais aujourd'hui, «les gens voient toujours davantage cet équilibre remis en question».

23 avr. 2007, 12:00

Si les citoyens expriment leur inquiétude face à la violence, ils le font tout autant au sujet des énormes différences de salaires: «Le fossé se creuse entre riches et pauvres», affirme-t-elle. Les hauts revenus grimpent de manière «disproportionnée» alors que, malgré la bonne conjoncture, les bas revenus n'ont droit qu'à la compensation du renchérissement.

Cette évolution n'est pas normale, elle met en danger la cohésion sociale du pays, note Micheline Calmy-Rey. Au cours de réunions, elle a rencontré des gens dont les difficultés financières sont telles qu'ils ne se gênent plus d'en parler devant 500 personnes. On décèle de la morosité au sein de la population.

Il n'y a pas de recette toute faite pour remédier à une telle situation, convient-elle, mais la nécessité d'agir est réelle. Et, ajoute-t-elle, aucune solution ne sera praticable si une large part de la population ne profite pas de l'essor économique. Sinon, la dynamique économique se grippe.

Mais est-on dans la bonne direction, par exemple avec une concurrence fiscale qui s'accroît entre cantons? «La concurrence fiscale ne doit pas s'exercer sans limites», répond-elle, estimant justifié qu'un débat sur les privilèges fiscaux ait lieu. «Comme mon parti (socialiste), je trouve que, dans bien des cas, la justice fiscale est remise en question». Par ailleurs, comme ministre des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey estime que la tenue, en Suisse, d'une conférence internationale sur la paix en Irak n'est «pas encore mûre». En revanche, ajoute-t-elle, «il est clair pour moi que nous devrions accueillir un contingent de réfugiés irakiens». Suite à la tenue de la conférence du HCR, la question se posera. Enfin, sur l'arme et la munition militaires à la maison, la présidente de la Confédération se dit persuadée, avec toutes les études sur cette question, qu'un accès facilité aux armes augmente le danger de les utiliser. «Ce qui a été conçu à l'époque comme une mesure de sécurité est aujourd'hui devenu un risque pour la sécurité». Le projet d'interdiction des munitions est «un premier pas». / FNU