Annoncé hier, le rachat porte sur 64,5% du capital. Il inclut une offre publique d'achat (OPA) pour les autres actions. Au total, Serono est valorisé à 16,1 milliards de francs. «Un bon prix», a relevé d'emblée son patron et administrateur-délégué, Ernesto Bertarelli.
L'opération met un terme à une saga qui aura duré près d'un an. Tout avait débuté le 8 novembre 2005 quand Ernesto Bertarelli avait fait savoir qu'il cherchait un acquéreur pour sa société, Après cinq mois de quête infructueuse, Serono était revenu sur la voie de l'indépendance en optant pour une stratégie d'acquisitions.
Depuis le 10 avril dernier, Serono avait répété à maintes reprises sa capacité à mobiliser dans cette optique jusqu'à 12,5 milliards de francs. Jusqu'au moment où Merck est arrivé en proposant de débourser 1100 francs en liquide pour chaque action détenue par la famille Bertarelli.
Ernesto Bertarelli s'est réjoui de ce dénouement. Selon lui, la fusion avec Merck permet la création d'un acteur global, avec des spécialisations dans l'oncologie et la neurologie. A court terme, la transaction apparaît favorable à Genève et à la Suisse romande, où Serono emploie environ 1500 personnes. Merck va installer dans la cité de Calvin ses activités biotech, réunies dans Merck-Serono Biopharmaceuticals, sur le lieu du tout nouveau siège que Serono doit inaugurer d'ici à fin 2006.
Toutes les marques de Serono, jusque-là numéro un européen dans son secteur, seront maintenues et la base américaine sera établie dans la ville américaine de Boston (Etat du Massachusetts). Merck conservera pour sa part son siège général à Darmstadt et comptera 35.000 employés, un chiffre qui inclut les 4700 collaborateurs de Serono.
Outre la défense de la Coupe de l'America en 2007, l'avenir immédiat d'Ernesto Bertarelli, 40 ans, se situe chez Merck-Serono, société pour laquelle il affirme se tenir à disposition. Il s'est par ailleurs montré rassurant sur l'emploi en Suisse en évoquant un investissement d'un milliard de francs dans la recherche.
Reste que pour les experts, l'opération est davantage une bonne affaire pour Ernesto Bertarelli et les actionnaires que pour le groupe lui-même. Serono souffre en effet d'une gamme de nouveautés «très faible», estime Jérôme Schupp, analyste à la banque Syz & Co.
La performance n'est pas à la hauteur des investissements (20 à 30% du chiffre d'affaires, contre 15% en moyenne dans la branche). D'où des soucis à long terme qui ont incité Ernesto Bertarelli à agir il y a un an. Mais un peu tard aux yeux de Jérôme Schupp, pour qui la solution de facilité a été retenue avec Merck.
Entité de taille moyenne dans le secteur pharmaceutique, Merck aurait surtout reporté ses visées biotechnologiques sur Serono après l'échec de sa récente tentative de mettre la main sur son compatriote Schering. Le groupe allemand s'était fait brûler la politesse par Bayer. A la lumière des comptes 2005, le nouvel ensemble affichera un chiffre d'affaires de 7,7 milliards d'euros.
Serono est numéro trois mondial des biotechnologies derrière Genentech et Amgen. De son côté, la société Merck est essentiellement active dans la chimie, les médicaments et les cristaux liquides. / ats-ap