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Avoir les moyens de sa politique

08 août 2011, 07:14

Tous les partis n'ont pas des millions sous la main pour s'offrir des campagnes d'affichage nationales. De la créativité, un brin de chance et surtout un travail de tous les instants sont nécessaires pour les petites formations. Mais même avec beaucoup d'engagement, elles peinent à se démarquer.

«Internet recèle un gros potentiel pour des partis avec un petit budget», a expliqué Denis Simonet, président du Parti pirate suisse (PPS). Mais il sait qu'une campagne ne se gagne pas sur la Toile. Et que les grands partis y sont aussi présents, l'UDC y compris, elle qui mise aujourd'hui fortement sur les réseaux sociaux.

Il y a encore quelques années, les politiciens actifs sur internet faisaient figure d'exceptions. Cette époque est révolue. Le Parti pirate est par exemple présent sur Facebook, Twitter, Google+, Smartvote, Vimentis ou wahlen.ch. Il possède des blogs, propose des podcasts et des vidéos sur YouTube.

Toujours est-il que pour les nouveaux venus comme le PPS, l'envoi de tous ménages officiels reste un passage obligé. Une grosse part de son budget de campagne - quelques dizaines de milliers de francs en tout - va dans l'impression de flyers distribués avec la propagande des partis dans les boîtes aux lettres. «Nous atteignons ainsi d'un coup une large frange de la population», note Denis Simonet.

WikiLeaks

Pourtant, le Parti pirate peut s'estimer chanceux, bénéficiant d'une importante notoriété depuis que WikiLeaks a émigré en Suisse avec son soutien. Mais les vagues suscitées par cette affaire ne garantissent pas encore le succès électoral. Le PPS entend lancer des actions coup de poing d'ici octobre, histoire d'attirer l'attention. Mais son président estime que le plus important reste le contact direct avec la population. «Il faut aller dans la rue et expliquer aux gens que nous représentons aussi leurs intérêts et préoccupations», explique-t-il.

Avec d'autres partis nouvellement créés, le PPS récolte en ce moment des signatures pour l'initiative réclamant la publication des revenus des politiciens. Pas très original, puisque presque tous les partis s'y sont mis, par exemple les Vert'libéraux, qui récoltent des paraphes pour leur initiative visant à remplacer la TVA par une taxe sur l'énergie.

Dans la rue

La présence dans la rue est pour les petits partis le moyen le plus important de faire campagne, indique la secrétaire générale des Vert'Libéraux Sandra Gurtner-Oesch. Le parti manque aussi d'argent, et il mettra environ 200 000 francs dans sa campagne. A titre de comparaison, l'UDC y consacre 15 millions.

«Nous ne pourrons pas être présents sur tous les panneaux d'affichage et dans toutes les boîtes aux lettres, mais nous pouvons parler avec les gens», poursuit Sandra Gurtner-Oesch. Certains candidats font ainsi un tour à vélo dans leur district électoral, d'autres distribuent des pommes ou organisent des débats.

Pionnier dans le domaine du marketing politique bon marché le conseiller national Bastien Girod (Verts /ZH) se montre désabusé: «Nous avons déjà tout vu de ce qui ne coûte rien.» Aujourd'hui, même l'UDC fait campagne avec des actions coup de poing.

Articles et débats

Désormais, Bastien Girod écrit des articles et participe à des débats, dans l'espoir «que l'argumentation attire plus l'attention que la propagande». Cette dernière constitue pour lui une tache dans la démocratie suisse. Bastien Girod souligne que l'UDC dispose pour sa campagne de près de 100 fois plus d'argent que Les Verts. Cet énorme déséquilibre ne peut être compensé uniquement avec de l'imagination et de l'engagement personnel, selon lui.

Le Vert s'est battu en vain au Parlement pour rendre au moins le financement des partis plus transparent. Une initiative visant à contraindre les partis à publier leurs sources de revenus est en préparation, mais pas encore lancée.

Dans ce domaine, la Suisse est effectivement un cas particulier. L'origine de l'argent ne doit pas être déclarée et il n'y a pas de limite de budgets. Transparency International et l'OCDE ont souvent émis des critiques à ce propos et des experts du Conseil de l'Europe préparent un rapport sur cette question qui devrait être publié en fin d'année.

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