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Attaquée de toutes parts, la Finma monte au créneau

Violemment, et souvent, prise à partie, l'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) va proposer au Conseil fédéral de nouveaux instruments. Elle dévoilait hier ses plans. Analyse critique.

01 avr. 2009, 12:12

La Finma peut dire un immense merci à la presse. «Départ raté» fut le titre le moins assassin pour décrire les débuts agités de la nouvelle autorité de régulation. A peine quelques jours d'existence et déjà tout le monde annonçait son décès. En encaissant toutes les critiques imaginables et les suggestions les plus fantaisistes, elle a bénéficié d'une magnifique campagne de communication. Et cela sans débourser le moindre centime.

Du coup, rarement conférence de presse annuelle n'aura été si suivie et si enfiévrée. Pour prévenir les avalanches financières, la Finma a encore quelques progrès à faire. Mais, question marketing, chapeau!

Dans ce feuilleton, Eugen Haltiner, le président du conseil d'administration, fut le lièvre pourchassé par les cadors médiatiques, les grandes oreilles exhibées en une des magazines, avec l'étiquette «wanted». Hier, il arborait un souffle normal et un cuir épais. Il joue, en plus rond et plus rougeaud, sur sa ressemblance physique avec Kaspar Villiger, copiant même son humour anglais. Pour le rayon farces et attrapes, il avait intitulé son exposé «Prendre congé du passé». En attendant, Eugen Haltiner répète qu'il ne prendra pas congé et qu'il a mis de la glu à son fauteuil présidentiel.

D'ailleurs, pourquoi partirait-il? «La surveillance a bien rempli sa mission et elle a atteint les objectifs assignés.» Eugen Haltiner le dit sans frémir, en surveillant quand même les réactions. Il peut donc ajouter, le plus calmement du monde: «Si c'était à refaire, nous agirions de même.» Bon prince, il admet «une réserve». Attention, pas une critique, juste une réserve. «Les autorités de surveillance n'ont pas su reconnaître les indices qui auraient dû leur permettre de détecter les origines des excès financiers.»

Il reconnaît cette légère myopie pour mieux l'évacuer. Quand bien même ces fameux indices auraient été identifiés, Eugen Haltiner avoue publiquement son doute. Est-ce que nos autorités auraient eu la capacité et les instruments requis, sans parler du soutien politique nécessaire, pour inverser à temps le mouvement?

Il ne s'arrête pas en si bon chemin, il va même plus loin. «Ni les autorités nationales, ni les instances internationales n'ont eu la hauteur de vue, l'indépendance et les compétences pour contrecarrer cette évolution déplorable.» C'est une sacrée réponse à la question centrale: est-ce que davantage de régulation va changer la donne? A entendre Eugen Haltiner, il faudra que les grands de ce monde acquièrent élévation de pensée, esprit critique et indépendant, compétences affinées. Et vite.

En tout cas, la réglementation va encore s'affermir. C'est Patrick Raaflaub, le directeur de la Finma, qui la détaille. D'abord, renforcement massif des exigences de fonds propres. Ensuite, exigences plus strictes dans la gestion des liquidités des établissements surveillés. Puis, durcissement des directives des présentations des comptes. Enfin, resserrement des rémunérations dans le secteur financier suisse, selon les recommandations du Financial Stability Forum.

Tout est remis en question, constate Patrick Raaflaub: la stabilité des marchés, les crédits, les marges bénéficiaires et même les modèles économiques. Dans ce vaste chantier, la Finma va proposer au Conseil fédéral, cet automne, de nouveaux instruments de surveillance et des stratégies inédites. Le directeur ne veut pas laisser les journalistes sur leur faim. Il indique quelques pistes. La Finma va affiner sa technique de diagnostic, grâce à une «surveillance macroprudentielle». Elle va se montrer «plus opiniâtre et plus critique» et multiplier «les tests de stress». Avec de pareilles armes, si une grande crise se profile, jamais elle ne réussira à toucher profondément la Suisse. /PPA

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