Quittant les lacs de Brienz et de Thoune, montons en direction du Gurnigel, repère hivernal des Bernois en quête d'après-midi de ski dans les Préalpes. En plein été, l'endroit est calme, presque désert. Seuls marcheurs et cyclistes croisent quelques biches surprises de la rencontre. A 30 km de Berne, Fribourg et Thoune, ce site a perdu de sa notoriété passée. L'espace d'une collation, le patron du Gurnigelbad, Daniel Quarti, nous fait voyager dans le temps.
«A une époque, cet établissement était le plus grand de Suisse. Il y avait plus de 600 lits à la fin du XIXe siècle, raconte le natif de Berne. Les visiteurs venaient pour les sources d'eau sulfureuse. On disait alors que c'était bien pour tout le corps. Pourtant, ça sent les oeufs pourris et c'est froid. Les aristocrates d'Allemagne et de Russie montaient ici», narre celui qui a recouvert les murs de son hôtel des signes du passé.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui était alors appelé le Grand Hôtel du Gurnigel sera complètement détruit, ses bains avec. Seules les dépendances resteront debout. Elles deviendront l'actuel établissement. La source d'eau sulfureuse, elle, n'a jamais cessé de couler. Aujourd'hui, une modeste fontaine rappelle cet âge d'or. Rien de plus. Mais le soufre continue d'habiter la montagne. En contrebas, les bains de Scheffelbergbad ont repris leur activité dans le cadre d'un hôtel au charme discret.
De retour dans la chaleur de la plaine, une seule alternative s'offre aux voyageurs: l'Aar. Certains, à l'image de quatre gymnasiens bernois, profitent d'ailleurs de ce chemin fluvial pour rejoindre Berne. «De Kiesen jusqu'en ville, nous avons mis deux heures en bateau pneumatique, relève le plus bavard. Nous n'avons pas pagayé, le courant nous poussait. C'est tranquille.»
Le seul moment périlleux de la descente de l'Aar à cet endroit est l'arrivée vers le pont du Marzili. Mieux vaut ne pas rater la sortie, au risque d'être pris dans le cul-de-sac de la Matte. La plus belle piscine fluviale d'Europe. Mais la population de Berne est accoutumée à ce genre d'exercices. Même une grand-mère de 73 ans se laisse aller aux plaisirs aquatiques le long du Marzilibad. La bouée bleue est là, aussi salvatrice que la fraîcheur de l'eau. Véritable institution, le Marzili accueille plus de 10.000 baigneurs les jours chauds d'été. «En semaine, les étudiants et les hommes politiques descendus se rafraîchir hors du Palais fédéral s'y côtoient», signale une habituée travaillant au Secrétariat à l'Economie (Seco).
Il faut dire qu'on se baigne depuis 700 ans ici. De plus, jamais l'endroit n'a été payant. La Ville de Berne exploite la piscine et les déficits des caisses publiques ne changeront rien à cela. Pour l'anecdote, le Marzili a été le premier bain en Suisse à autoriser le monokini, en 1978.
Moins connu mais tout aussi frais, le Lorrainebad, plus bas sur l'Aar, propose également un plan d'eau très nature. Contrairement au Marzili, où des piscines chlorées ont été aménagées, ici, les seuls bassins sont ceux remplis par la rivière. Pour celui qui n'aurait pas emporté son maillot de bain, la fontaine de la place Fédérale gagne également à être connue. Bernois et touristes ont de quoi s'y éclabousser en toute décontraction. / TBU
Les sites: www.gantrisch.ch, www.gurnigelbad.ch, www.railaway.ch (pour la descente de l?Aar en bateau pneumatique)