A quelques mètres de lui, Zurbriggen jubile. Le misérable écart qui le prive de son premier podium dans la discipline lui importe peu. Il s'en fout. «C'est un monstre résultat pour moi. Je suis très, très heureux, commence-t-il. Je n'ai aucun regret. C'est le plus grand cadeau de Noël que je pouvais espérer. Je remercie mes entraîneurs, mes coéquipiers et ma famille pour leur soutien après l'incident dont j'ai été victime à Alta Badia dimanche.» Un malheureux pipi dans la nature l'avait conduit, sur dénonciation, au poste de police pour prise d'empreintes digitales et interrogatoire.
La mésaventure a pesé sur sa performance lors du slalom de lundi. «Je me suis dit: concentre-toi sur le ski maintenant, c'est le plus important.» Le solide gaillard de Brigue-Glis ne recourt pas à l'appui d'un entraîneur mental ou d'un psychologue. «Non, je travaille tout seul.» Cette approche personnalisée lui réussit. «La maison m'attend maintenant. J'y ai passé deux jours durant les sept dernières semaines, je suis impatient de la retrouver.» Zurbriggen était tellement pressé qu'il a oublié son matériel dans l'aire d'arrivée. Le Valaisan l'a récupéré en cours d'après-midi.
Zurbriggen emprunte la voie royale en super-G. Sa progression est fulgurante. Le Valaisan a coché successivement le 0, le 51, le 32, le 15, le 9 et le 4 en course dans cette spécialité en Coupe du monde. «Je profite pleinement de mon intégration dans le groupe d'entraînement, de Défago, de Kernen ou de Cuche. Ils donnent des conseils lors de la reconnaissance ou de l'échauffement.» La relation fonctionne hors piste également. Défago et Zurbriggen se chaussent chez le même fournisseur. Le Morginois a soufflé quelques corrections au niveau des réglages au Haut-Valaisan avant l'épreuve de Val Gardena. «Ils skient très fort à l'entraînement et je dois m'engager pour suivre la cadence, poursuit Zurbriggen. Ce sont de vrais coéquipiers.»
Zurbriggen est un homme patient. Il a attendu le 30e concurrent pour quitter le podium qu'il a squatté dès son arrivée avec le dossard No 1. «L'attente a été très agréable, merci. M'élancer en premier a été plus difficile à gérer. Lors du dernier super-G, je portais le 51, j'avais suivi la descente des 30 premiers à la télévision, les autres Suisses m'avaient donné des tuyaux par radio. C'était vraiment spécial. Le revêtement était glacé, je n'ai jamais skié un super-G sur une piste aussi dure. Je me suis posé plein de questions pour le réglage de mes skis, puis je me suis dit: «Vas-y, tu n'as rien à perdre.»» Le Haut-Valaisan (26 ans) a tout gagné avec le deuxième meilleur résultat de sa carrière en Coupe du monde. / SFO