Le bobsleigh… Ceux qui n’aiment ni la glisse ni la glace vous diront qu’il faut être un peu «gelé» sous le casque pour se lancer à 140 km/h dans une «fusée» sur patins.

Yann Moulinier, lui, est prêt à se taper 16 heures de route – sans compter le ferry – jusqu’à Lillehammer (Norvège) pour se retrouver en haut de la piste. Il relate ce voyage dans le huitième épisode de #Enpiste, publié sur Youtube. Et on l’y sent impatient comme un gosse: c’est la dernière ligne droite d’un périple de plusieurs mois. Le temps pour le sympathique Chaux-de-Fonnier de mettre sur pied sa quatrième saison de pilote.

Les trois quarts de nos soutiens financiers proviennent du canton de Neuchâtel.

Yann Moulinier, pilote de bobsleigh

La compétition a commencé ce jeudi 11 novembre. Yann Moulinier et son pousseur Quentin Juillard ont terminé 11es (8e poussée) de la première épreuve de bob à deux, en Coupe d’Europe. Trois courses sont encore au programme jusqu’à dimanche.

C’est précisément à Lillehammer que le quintuple vice-champion de Suisse de lancer du marteau s’était lancé dans le bobsleigh, il y a six ans, comme pousseur de l’ancien champion olympique Beat Hefti.

Un espoir olympique comme cadeau à Noël?

Cette semaine, Yann Moulinier a mis un peu de temps à trouver ses repères sur la glace. «Cette piste est particulière. Les courbes sont longues, les entrées et sorties de virage délicates à négocier. Il ne faut pas se laisser impressionner par ces changements abrupts et rester patient dans le pilotage.»

A Noël, après onze épreuves de Coupe d’Europe, lui et ses pousseurs Quentin Juillard, Julien Matthys et Mathieu Hersperger sauront s’ils ont encore une chance de se qualifier pour les Jeux olympiques de Pékin en février 2022.

L’espoir semble mince, mais il existe. Il faudrait que la Suisse obtienne, grâce à ses chronos, le droit d’aligner un troisième bob en Chine. Et que Yann Moulinier et sa bande à majorité welsche – Mathieu Hersperger est Bâlois – devancent cet hiver les trois équipages suisses alémaniques qui luttent dans la même catégorie. La première étape, pour les Romands, est d’atteindre en course ce top 6 en Coupe d'Europe qui les fuit jusqu’ici.

Et si la marche s’avère trop haute, pas de panique: l’équipage se promet de garder l’élan généré par cette année olympique, pour se lancer dans la course aux JO 2026, qui auront lieu «juste» à côté, à Milan et Cortina d'Ampezzo.

250 000

En francs, le coût d’une saison de bobsleigh en Coupe d’Europe.

Le colosse chaux-de-fonnier de 190 cm et 115 kg replonge donc dans sa «bataille d’Astérix». C’est sa façon d’imager ces descentes pleines de secousses. Ses coéquipiers ont pris du muscle. Ils ont soulevé de la fonte et mangé du poulet tout l’été. Yann Moulinier, lui, a travaillé sa vitesse sur les sprints. Ces efforts devraient permettre aux Romands de gagner quelques précieuses secondes à la poussée. Les tests passés à Macolin les rendent optimistes.

Les bons souvenirs des Suisses

Dans sa chasse aux sponsors, Yann Moulinier rencontre toujours autant de sympathie pour ces grands gamins qui se lancent sur des toboggans de glace. Une tradition suisse. «Les gens ont encore de bons souvenirs de l’époque où on voyait beaucoup de bob à la télé», précise le Chaux-de-Fonnier.

Une saison de bobsleigh coûte «environ 250 000 francs», déclare l’athlète de 28 ans. «Les trois quarts proviennent des PME et des privés du canton de Neuchâtel», précise-t-il. Investi à fond dans sa carrière sportive, Yann Moulinier dédie 50% de son activité à la recherche de soutiens, qu’il trouve jusqu’à Genève.

Sportivement, ses coéquipiers sont à peu près tous à la même enseigne. Actifs ou étudiants, ils consacrent la moitié de leur temps à leur passion du bobsleigh durant la saison.

Yann Moulinier repart dans sa «bataille d’Astérix»

Le pilote chaux-de-fonnier entame sa quatrième saison de Coupe d’Europe cette semaine à Lillehammer (Norvège). Son équipage a pris du muscle et de la vitesse.