Emue à en avoir les yeux mouillés, elle apprécie pleinement. «Il est toujours difficile de confirmer. J'étais deuxième l'an dernier à Varsovie et j'avais des regrets au fond de moi. Je suis encore deuxième ici à Zagreb, mais je ressens une immense joie.» En cueillant cette rose d'argent, Sarah Meier paraphe un événement historique: jamais la Suisse n'avait récolté deux médailles dans un même championnat, que ce soit au niveau européen, mondial ou olympique. Avec celle de Stéphane Lambiel, le conte est beau. Il fait les bons amis. «On va fêter ensemble.» Couple de classe.
Le patinage reste toujours un sport complexe. Sarah Meier est la seule fille du podium à ne pas réaliser de combinaison triple-triple dont on sait qu'elle rapporte des points. Cependant, elle termine première du programme libre. Et que lui a-t-il manqué pour décrocher la lune? Mieux réussir son triple flip, seul petit accroc d'un programme à la fin duquel elle bat son record personnel (113 points, ancien 111,41). «A ce moment-là, je me suis dit que je n'avais pas encore tout perdu. J'ai lutté avec mon c?ur et mon énergie jusqu'à la dernière figure. J'ai fini épuisée. Je peux dire que j'ai obtenu ce résultat avec la tête. Vraiment.»
Car Sarah venait de vivre quelques minutes en enfer psychique. «La demi-heure après le warm-up a été la plus terrible de ma vie. Je patinais en avant-dernière position et j'ai senti une énorme pression. Il me semblait que chaque programme précédant le mien durait dix minutes. Je n'étais pas bien dans mes patins. C'est aussi pour ça que je suis vraiment satisfaite. J'ai réussi à me libérer sur la glace. A me lâcher.» Si bien, si beau, si gracieux qu'elle a devancé la paire finlandaise qui lui barrait le podium à l'issue du court. Ejectant ainsi du podium la superbe Kiira Korpi, bronzée l'an dernier, qui cède sa médaille à sa compatriote Laura Lepisto, vainqueur déjà du duel interne lors du championnat national.
Et Carolina Kostner? «Je peux la battre. Mais à condition d'être parfaite.» Pas encore de son monde. Ni du nôtre. «Elle a aussi fait des petites fautes, mais elle mérite son titre.» Sur le plan chiffré, la Suissesse a réalisé le meilleur programme de sa carrière. «Si les notes le disent...» conclut-elle. Pas tout à fait convaincue, mais vraiment heureuse.
Deuxième à 1,84 point de la championne d'Europe qui conserve son titre, Sarah Meier progresse à pas de danse, même si son rang continental reste le même. Elle connaît mieux que nous le chemin qui doit lui faire gravir la dernière marche. Juste un petit peu d'audace en plus, peut-être. Tentera-t-elle le diable, dans deux mois, aux Mondiaux de Göteborg? «Je n'y pense pas encore. Ce soir, je vais fêter. Je ne l'ai pas fait l'an dernier.»
C'est bien ce qu'on vous disait. Elle progresse... /MIC