Mis sur le gril, «Chicken» a fini par admettre: «J'ai commis une erreur. Je ne peux pas m'en prendre à l'UCI. Je suis le seul resp onsable de cette erreur administrative.» En fait, le Danois s'est «simplement» soustrait à deux contrôles inopinés (le 8 mai et le 28 juin). En camp d'entraînement au Mexique, pays d'origine de son épouse, Rasmussen n'avait pas informé sa fédération, ni l'UCI, de son départ à l'étranger. Pour le moins, bizarre. Un troisième manquement de ce genre est assimilable à un contrôle positif.
«C'est inexplicable», constatait Marc Biver, manager d'Astana. «Nos coureurs doivent fournir leur emploi du temps tous les trois jours et, là, Rasmussen disparaît pendant trois mois. Ce n'est pas sérieux.» Ni crédible. Figurant sur la fameuse liste noire de l'UCI, Michael Rasmussen a subi un contrôle sanguin le 30 juin dernier avant son championnat national. Le résultat est évidemment négatif. Tout comme celui des contrôles effectués le 5 juillet à Londres et le 17 juillet à Val d'Isère. Cinq tests urinaires ont aussi été effectués aux arrivées d'étape, mais les analyses n'ont pas encore été effectuées. Des soupçons planent tout de même sur cet ancien client du Dr Cecchini. Et ils n'ont fait que grandir hier.
«Si la Fédération danoise sait quelque chose, qu'elle le dise», s'est emporté le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme. «Nous n'avons pas le pouvoir d'exclure ce coureur. Cette décision appartient à l'UCI. Donc, pour l'instant, Michael Rasmussen reste en course.» Les dirigeants danois n'accusent pas leur coureur, mais ils déplorent un comportement jugé «pas à la hauteur».
A Castres, Michael Rasmussen a donné de nouvelles explications, surréalistes pour le moins. Il aurait envoyé un courrier à l'UCI et à sa fédération pour les informer de son départ, mais ladite lettre s'est perdue dans la nature. Ni fax, ni e-mail, ni coup de fil n'ont complété cet envoi. Décidément, ce jeune homme est très distrait et désinvolte. Il avait déjà été averti le 24 mars 2006 par l'UCI et l'Agence danoise antidopage. «J'avais oublié d'envoyer ma lettre de localisation», admettait-il hier.
Plus troublant encore, une histoire de poches de sang de b?uf transmises dans des souliers de cycliste à un ex-professionnel américain, Whitney Richards, ami de Rasmussen, en 2002. Celles-ci étaient destinées au Danois, selon une information du site www.velonews.com. Elles ont été détruites par l'ex-coureur américain. Le Danois a déclaré connaître Whitney Richards, mais n'a pas voulu confirmer la nouvelle. Dans son nouvel ouvrage «From Lance to Landis», le journaliste américain Denis Walsh fait également référence à une histoire similaire.
La désinvolture avec laquelle «Chicken» affronte la situation apparaît très peu convaincante. Tout cela est bien léger. Patrice Clerc, président d'ASO et patron de la Grande Boucle, avait bien raison de le souligner. «Le Tour et le cyclisme n'avaient pas besoin de cette affaire.» Que non! / JCE