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Un c?ur vaillant de 33 ans

Le Fribourgeois de Chiètres Martin Laciga s'est envolé hier pour Pékin. Il y vivra ses troisièmes Jeux olympiques, les premiers sans son frère Paul. L'usure guette, mais la motivation reste. Martin Laciga (33 ans) est un joueur de beachvolley; un sportif qui trime dans le sable, là où Monsieur et Madame Tout-le-monde ont l'habitude de passer leurs vacances; un «pro» qui doit garder son sérieux quand, autour de lui, les gens ne se prennent pas au sérieux. Et qui saute, attaque, saute, bloque, saute, sert et saute encore sans se laisser distraire par des pom-pom girls à moitié dévêtues, payées pour se déhancher sur de la musique trop forte. Martin Laciga est un hétéro qui, au boulot, préférerait être homo. C'est un mari d'1m95 qui porte des tongs l'hiver et qui, l'été, ne voit son fils de 3 ans et demi, Jan, qu'entre deux avions.

04 août 2008, 12:00

Depuis la retraite de son grand frère Paul, le Fribourgeois est le grand frère de Jan Schnider, son cadet de huit ans. Un Soleurois avec lequel il va disputer les Jeux de Pékin, ses troisièmes olympiades, mais les premières sans ce frangin avec lequel il s'est si souvent pris de bec. «Ma vie est pleine de paradoxes. Mais c'est la vie que je mène depuis 14 ans. Elle me plaît même si, gentiment, je sens que je vieillis: les petites blessures s'accumulent et ma famille me manque un peu plus tous les jours...» Martin Laciga entrera en lice à Pékin le 9 août, au lendemain de la cérémonie d'ouverture, déjà. Interview.

Martin Laciga, les Jeux, c'est quoi pour vous?

C'est un salaire de dix jours qui récompense quatre ans de travail. C'est le sommet pour tout sportif et une excellente ambiance, dans le stade et dans le village olympique, où tu bois et tu manges gratuitement. Tout est organisé pour te simplifier la vie. Les jours de relâche, tu peux aller voir d'autres compétitions.

Quelques souvenirs aussi?

Des bons et des moins bons. A Athènes, il y a quatre ans, c'était bien, mais à Sydney, en 2000, encore mieux! Les Australiens sont des gens chaleureux, qui aiment le sport et les athlètes. Ils sont très «famille». Sur le plan sportif, nous avons plutôt bien joué, même si je repense parfois à ce match perdu en quarts de finale et à cette médaille qui nous a filé sous le nez.

Vraiment?

Avec mon frère, nous avons été champions de Suisse, champions d'Europe et avons terminé deuxièmes aux championnats du monde. Cette médaille olympique, ça manque un peu tout de même...

Quels sont vos objectifs à Pékin?

Nous allons en Chine en tant qu'outsiders. Ce n'est pas plus mal. La pression sera moins forte, ce qui va permettre à mon partenaire, qui vivra ses premiers Jeux, de jouer plus librement. Qui sait, avec une ou deux bonnes victoires, peut-être pouvons-nous créer la surprise?

Vous pointez à la 22e place mondiale, un classement en deçà de vos espérances. Comment l'expliquer?

Il y a eu quelques blessures et des automatismes qu'il a fallu trouver. Avec Jan (Schnider), avec qui je joue depuis un an, nous avons bien commencé notre collaboration, en prenant notamment une excellente quatrième place à Fortaleza, au Brésil. Peut-être que ce résultat nous a induits en erreur. Nous avons cru que cela serait facile, mais ce ne fut pas le cas.

Vous avez battu à deux reprises les champions olympiques en titre, les Brésiliens Ricardo et Emanuel, mais perdu à chaque fois le match suivant...

C'est notre gros problème: nous manquons de régularité. Si tout fonctionne dès le début du match, alors nous pouvons battre n'importe qui. Mais au moindre petit pépin, c'est toute la machine qui se grippe.

Allez-vous continuer cette collaboration la saison prochaine?

C'est une option, mais à une condition: grimper au classement. Ne serait-ce que pour trouver de nouveaux sponsors, qui sont rares mais qui deviennent plus nombreux quand tu es membre du top-10 mondial.

Vous avez 33 ans. Pensez-vous parfois à la retraite?

J'arrive à un âge où le mental est important. Je dois faire attention à ne pas tomber dans une trop grande routine. Le jour où j'irai à l'aéroport en traînant les pieds, j'arrêterai. Pour le moment, le plaisir est encore bien présent. Je prends un peu de la motivation des jeunes qui arrivent même si, c'est vrai, quand tu es blessé, quand il pleut et qu'il fait froid, cela devient tout de suite plus dur... /PSA

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