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Virginie Razzano au-delà du sport

25 mai 2011, 10:02

En plein deuil, Virginie Razzano a tenu à se présenter hier matin au premier tour de Roland-Garros. Elle a fait ce geste très fort en hommage à l'homme de sa vie, Stéphane Vidal, son entraîneur et compagnon, décédé la semaine passée. «C'est difficile d'être là, mais il fallait que je le fasse... pour Stéphane. Pour moi!» D'une dignité exemplaire, d'un courage prodigieux, Virginie Razzano affronte, dans la salle d'interviewes principale de Roland-Garros, le parterre de journalistes. Elle tient bon et ne se dérobe pas, même si les yeux sont humides, les silences pesants et la «douleur énorme».

La défaite qu'elle vient de concéder au premier tour de ce Roland-Garros est bien plus qu'une victoire. C'est un cadeau au ciel, un vibrant hommage qu'elle offre à l'homme de sa vie, Stéphane Vidal, parti la semaine dernière, à 32 ans. Le Français était son entraîneur, son fiancé, son confident, son mentor. Sa moitié. Atteint d'une tumeur au cerveau depuis neuf ans, il s'est éteint lundi passé, à moins d'une semaine du grand rendez-vous parisien. «Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi bon et d'aussi solide que Stéphane. C'est dur, mais avec cette force qu'il m'a donnée, je suis encore vivante», écrivait-elle dès le lendemain, dans les colonnes de «L'Equipe».

La démarche se retrouvait hier dans cette émouvante preuve d'amour, parce que, lui, Stéphane, avait tenu à ce qu'elle dispute le tournoi de Roland-Garros. «Cette décision, c'est lui qui l'a prise. Je sais qu'il voulait que je continue ma vie. C'est de l'énergie que je donne pour lui. J'ai pris mon courage à deux mains, même si je n'en ai pas beaucoup, car je suis très fragile», souffle la petite Nîmoise. Au contraire, elle fut forte dans l'adversité, même si le match, finalement, n'avait aucun enjeu. L'Australienne Jarmila Gajdosova, gagnante 6-3 6-1, était presque gênée de conclure si abruptement l'hommage de Virginie Razzano.

Editorialiste du tennis, Philippe Bouin exprime avec beaucoup d'habilité la détresse de la Française de 28 ans. «Sa douleur, bien humaine, et la manière dont elle a osé l'exprimer nous rappellent qu'elle n'est pas un produit consommable par notre insatiable appétit de divertissement, mais un être humain qui souffre, comme les autres, et qui n'a d'autre réponse face à la mort que de continuer à vivre.»

Continuer à vivre... C'est ce que fera sans doute Virginie Razzano, en continuant, seule, le chemin qu'elle avait commencé à tracer avec Stéphane Vidal. «Mon sport, ma passion, le tennis sont pour moi une force, même si je viens de perdre deux personnes, l'homme de ma vie et mon entraîneur.»

Elle jouera encore les tournois de Birmingham puis de Wimbledon, comme «Stéphane l'avait programmé». Il sera alors temps, pour elle, de faire le deuil. «J'ai perdu du poids, je me suis amincie ces derniers temps avec tout ce stress. Je dois me refaire, mais il me faut du temps.» Elle a toute la vie pour cela.

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