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Une travailleuse soulage la Suisse

Deuxième de la descente de samedi à Haus im Ennstal, Nadja Kamer monte pour la première fois sur un podium de Coupe du monde. Elle se dépeint avant tout comme une travailleuse.

11 janv. 2010, 11:16

Hugues Ansermoz respire. Lara Gut en convalescence, Dominique Gisin en examens dans une clinique bâloise, Fraenzi Aufdenblatten et Nadia Styger en retrait depuis le début de l'exercice, l'équipe de Suisse féminine de descente boîtait bas lors de la deuxième épreuve de Haus im Ennstal. La surprenante Nadja Kamer soulage le chef de l'équipe nationale. La Schwytzoise se propulse entre les flocons et le brouillard sur la deuxième marche du podium. Une première pour ce solide gabarit de 23 ans. «Les conditions m'ont certainement avantagée, mais personne ne me prendra ce résultat», sourit-elle. L'heure des présentations sonne. «Je ne possède pas le talent d'autres skieuses, je suis une travailleuse.» Hugues Ansermoz nuance cette appartenance revendiquée à la classe prolétarienne de la discipline. «Nadja parvient à gérer la pression de la compétition, tout le monde n'a pas cette qualité...» Un soupir conclut la phrase.

Nadja Kamer prouve à Haus cette capacité de maîtriser la tension générée par l'enjeu. «Elle grimaçait vendredi soir quand elle a appris qu'elle héritait du numéro 1, elle n'aime pas s'élancer avec ce dossard», explique Hugues Ansermoz. Départ reporté de 30 minutes en 30 minutes durant une heure et demie, portillon abaissé et parcours amputé d'un tiers, les éléments ont joué avec les nerfs de la Suissesse et de ses concurrentes samedi. «Le plus difficile a été l'attente dans le restaurant. J'étais pratiquement convaincue que la course ne partirait pas, je n'étais plus concentrée. Il a fallu refaire le processus à toute vitesse.»

Cette réussite la soulage. «La préparation a été mauvaise pour moi durant l'été, j'étais larguée». Son entraîneur prononce même le mot «catastrophe». Nadja Kamer connaît ces moments difficiles. «Comme lors de mes deux premières saisons en Coupe du monde, qui n'étaient pas bonnes. Et tout d'un coup, ça marche mieux. C'est le sport, ça ne s'explique pas.»

Elle oublie de mentionner son toucher de neige de qualité. L'utilisation de skis masculins pourrait lui permettre de titiller plus régulièrement Lindsey Vonn, gagnante des quatre descentes de l'hiver. «Je n'ai pas encore osé les essayer, les faire tourner sera très dur avec ma grande taille», avoue-t-elle.

Une clavicule cassée et des opérations des genoux entre 2005 et 2006 ont freiné sa progression. «Je me souviens que je ne pouvais ni plier, ni tendre la jambe quand mes ménisques étaient touchés. J'ai pris plus de temps pour revenir à un bon niveau que d'autres blessées.»

Ndja Kamer s'envolera en direction de Vancouver pour ses premiers Jeux olympiques. «Sa qualification obtenue vendredi l'a libérée», enchaîne Hugues Ansermoz. «Cette pression est terrible, elle freine les skieuses qui cherchent à terminer au pire 15e. Quand je pense que nous envisagions encore en début de semaine d'aligner Nadja en Coupe d'Europe lors des prochaines épreuves!» Le casse-tête se résout de lui-même. Le patron des Suissesses n'anticipe pas le futur proche. «Se demander si elle peut assumer un statut de chef de file dans notre équipe de vitesse est prématuré. Elle doit d'abord acquérir de la constance sur toutes les pistes.»

La Schwytzoise doit également refaire son stock d'Emmental auprès de son parrain principal. Sa deuxième place a épuisé la réserve de petites tranches de fromage qu'elle distribue généreusement aux spectateurs. «Je n'ai plus de cartes à faire dédicacer», sourit-elle. /SFO

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