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«Place maintenant au sport!»

Trois jours de courses féminines sont au programme à Val d'Isère. La sanction à l'encontre de Lara Gut passe au second plan. Parole au ski.

17 déc. 2010, 10:31

Quelques minutes avant la conférence de presse de l'équipe féminine helvétique de ski alpin fixée deux jours avant la sanction infligée à Lara Gut, suspendue pour les épreuves de Semmering durant les fêtes, le responsable de ces dames Mauro Pini est au téléphone. Les Suissesses ont déjà occupé le salon de leur antre savoyard. Martina Schild déguste quelques biscuits, Fränzi Aufdenblatten éclate de rire au milieu d'une conversation à une table voisine, alors qu'Andrea Dettling et Lara Gut observent les images vidéo de leur troisième descente d'entraînement sur la piste Oreiller-Killy à la Daille. La responsable de presse de Swiss-Ski Sandra Heiniger s'adresse aux journalistes: «Ce qui s'est passé ces derniers jours n'est plus un thème. Nous vous demandons de respecter cette consigne. Concentrons-nous sur le sport!»

Dans un coin, Lara Gut (19 ans) évoque son retour. «Un an sans compétition, c'était long...» Son père Pauli est à portée. Le clan a annoncé par le biais d'un communiqué de ne pas vouloir s'étendre en public sur la sanction. Mais les traits du père sont particulièrement tendus. Le coup a été rude. La famille n'a pas l'habitude de baisser les bras. La preuve? Le prodige tessinois a tout simplement été la meilleure Suissesse (8e) du dernier entraînement avant la descente de demain. «Je n'avais jamais skié sur cette piste», rappelle la blonde en souriant, habillée du pull de la Fédération et le bandeau publicitaire bien posé sur sa tête. «Les Mondiaux 2009 avaient eu lieu à Solaise... (réd: et pour l'étape de Coupe du monde l'hiver dernier, Lara Gut était forfait). Il faut skier sur cette piste!» Une motivation particulière? «J'avais des choses à tester à l'entraînement. Je suis là pour skier, pas pour autre chose.» Et pan!

Ami d'enfance de Pauli Gut et ancien coach privé de Lara, Mauro Pini, désormais chef des Suissesses, avouait tôt dans la journée d'hier être «émotionnellement très touché» par la situation. La voix du chef de compétition de Swiss-Ski Dirk Beisel, qui a reproché à la jeune athlète une attitude irrespectueuse lors de son audition et des manquements répétés aux directives vestimentaires, a sans doute pesé lourd dans la décision. Autant si ce n'est plus que les accusations de Lara Gut à l'encontre de Mauro Pini, à l'origine de l'affaire.

Mauro Pini, justement, préfère aussi parler sport. Et ses filles ont un défi énorme à relever dans la station huppée de Haute-Tarentaise. «L'année dernière, l'équipe avait vécu une journée phénoménale avec cinq filles aux six premiers rangs du super-G», rappelle-t-il. Fränzi Aufdenblatten (1re) avait devancé Nadia Styger (2e), Fabienne Suter (4e), Dominique Gisin et Martina Schild (6es). «Ce sera difficile de répéter ça une année après», dit le patron. Aufdenblatten et Suter sont à la recherche de leur forme, alors que «Stygi», blessée, a mis une croix sur sa saison. «Mais nous avons les moyens de tirer deux ou trois flèches. Nous avons cinq filles dans les meilleurs du monde.»

Dominique Gisin et Lara Gut représentent les atouts principaux du camp suisse. Mauro Pini pense-t-il que les évènements hors pistes des derniers jours peuvent avoir un effet positif sur les performances? «Le seul effet que j'espère, c'est que cela fasse office d'enseignement pour toute la structure. Et dans celle-ci, 64 personnes sont concernées. La prise de décision a été un moment très difficile. La sanction n'a pas été prise à la légère. Il faut traverser tout un processus de compréhension pour savoir si le niveau de la sanction est juste.» Mais justement, pourquoi prendre une sanction sportive pour des faits extrasportifs? «Je vais répondre par une question: n'est-ce pas la même chose lorsqu'un joueur de foot ou de hockey est renvoyé en tribune pour un ou plusieurs matches? Les cas ne sont pas rares.» Et d'ajouter: «Il y a quelques années que nous n'avons pas vécu de telles choses. Mais ce n'est pas rare dans d'autres nations et personne ne dit rien. Un sportif peut réagir différemment à une sanction sportive ou une amende.»

La parole est à Lara Gut et à toutes ses coéquipières. Sur la piste. Car en pantoufles, le sourire est de mise. «Nous sommes toutes différentes, mais nous nous entendons toutes bien», appuie Dominique Gisin. /PAM

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