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Lindsey Vonn, Madame Invincible

Trois descentes, trois victoires pour Lindsey Vonn cette saison. Son poids et ses skis d'homme font débat.

09 janv. 2010, 09:00

Lindsey Vonn précède Anja Paerson et Maria Riesch lors de la première descente de Haus. L'Américaine signe son troisième succès dans la discipline depuis le début de saison. Le score parfait. «C'est du lourd sur le podium», lâche Marco Brugger dans l'aire d'arrivée. La remarque du commentateur de la télévision suisse romande ne parvient pas aux oreilles des lauréates. Elle se réfère aux 78 victoires en Coupe du monde que totalisent les trois athlètes. L'encadrement de l'équipe autrichienne l'interprète différemment. Un technicien n'hésite pas à attribuer la domination de Vonn en descente à son poids, lorsqu'il ne parle pas d'excédent. «C'est absurde. Les kilos ne suffisent pas pour gagner. Il faut savoir être mobile et guider ses skis», réplique la skieuse vexée lorsque ces propos lui sont rapportés.

Sa domination irrite une nation dont la concurrente la plus performante, Andrea Fischbacher, se contente du huitième rang. A 82 centièmes et 21 kilos de la troisième marche du podium occupé par Riesch. «N'exagérons pas cet élément de poids», modère Hugues Ansermoz, le patron de l'équipe de Suisse féminine. «C'est un atout, mais il faut aussi skier. Dominique Gisin ne court pas dans la même catégorie que Vonn dans ce domaine, mais elle a déjà gagné des descentes.»

Vonn allume un deuxième foyer d'irritation dans le ski féminin. Elle gagne grâce à ses skis d'homme déplore un raisonnement largement partagé. «J'ai essayé les lattes de Ted Ligety en Nouvelle-Zélande l'été précédent», se souvient-elle. «Les débuts ont été difficiles, avant une progression qui m'a permis de gagner énormément en stabilité. Ils sont beaucoup plus rigides. Je ne dispose pas d'un modèle hybride entre homme et femme. Ce sont des skis d'homme.» La transition lui assure un avantage important. «Elle bénéficie du matériel et de l'ancien préparateur de skis de Bode Miller. Cela lui épargne de nombreuses séances de mise au point. Il connaît exactement la vitesse des skis et leur réaction. En super-G, nous pouvons au moins tenter de tracer de telle manière que Vonn ne puisse pas utiliser ces skis plus longs», explique Ansermoz.

Les Suissesses n'emprunteront pas la trace défrichée par Vonn. «Ce changement est impossible pour nos filles», enchaîne le Vaudois. «Une ou deux skieuses ont tenté l'expérience il y a deux ans. Il faut une puissance phénoménale pour les maîtriser, il faut oser dans la tête se lancer. Anja Paerson a aussi essayé ce matériel. Elle nous a dit qu'elle a failli se tuer.»

La Suédoise a une opinion précise sur le sujet. «Nous devons voir plus loin que la Coupe du monde et le succès immédiat», confie-t-elle. «Notre mouvement englobe les juniors et la Coupe d'Europe. Comment les skieuses engagées à ce niveau pourraient-elles gérer une telle évolution?» Cheffe de file du conseil des athlètes qui dialogue avec la fédération internationale de ski pour améliorer la sécurité dans la discipline, Paerson avait convié ses consœurs à une réunion hier soir à Haus. Ce point figurait au programme de la discussion. Vonn a déjà apporté une réponse aux critiques sur le danger accru de blessures. «Je ne commenterai pas ce sujet. Je rappelle simplement que je me suis blessée à fin décembre lors du slalom géant de Lienz, la seule discipline dans laquelle j'utilise des skis de femmes.» Madame Invincible a son caractère. /SFO

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