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Paul Hänni, le Jurassien qui finit dans le sillage de Jesse Owens à Berlin

Les 12es championnats du monde d'athlétisme vont s'ouvrir samedi à Berlin, dans un stade olympique théâtre des Jeux olympique de 1936 de sinistre mémoire. Devant Adolf Hitler et les dignitaires du régime nazi, le légendaire Jesse Owens avait décroché quatre médailles d'or (100 m, 200 m, longueur et 4 x 100 m). Meilleur sprinter suisse de tous les temps, le Jurassien Paul Hänni avait fini, mais oui, quatrième de la finale du 200 mètres.

12 août 2009, 09:19

Paul Hänni. Un nom qui ne dit très certainement rien, mais alors rien du tout aux 13 jeunes athlètes helvétiques qui fouleront, dès samedi et jusqu'au 23 août prochain, le synthétique du stade olympique de Berlin. Et pourtant.

Le 6 août 1936, sur la cendrée de cette même arène, devant 100 000 spectateurs et sous le regard des dignitaires du régime nazi, le jeune sprinter de Tavannes, alors âgé de 21 ans, avait réussi à prendre la foulée du grand Jesse Owens et terminé quatrième de la finale du 200 mètres. L'un des plus grands exploits de toute l'histoire de l'athlétisme suisse.

««Popaul», c'était quelqu'un. Déjà à l'école, quand on se mesurait à lui sur 80 ou 100 m, il nous prenait à tous dix ou vingt mètres!» Emu, Jean Müller. Il y a dix ans, chez lui à Tavannes, dans le Jura bernois, cet ami d'enfance de Paul Hänni nous avait parlé de son copain, de son «Popaul». Tous deux sont aujourd'hui décédés. «Il avait un départ assez moyen. Mais après, c'était une vraie gazelle. Tout le monde redoutait ses fins de course. C'est donc logiquement sur 200 m qu'il s'est le mieux exprimé.»

Comme ce fameux 6 août 1936. Sur la cendrée du stade olympique de Berlin, au départ de la finale du 200 m, il y a le grand Jesse Owens, ses compatriotes américains Wikoff et Metcalfe, le Hollandais Osendarp. Et un Suisse, un Jurassien: Paul Hänni, de Tavannes!

Nous avons retrouvé un extrait d'article décrivant cette finale. «Les coureurs finalistes sont à leurs marques. Malgré les 100 000 spectateurs remplissant les gradins, le silence est écrasant. Paul Hänni occasionne un premier faux départ. On rappelle. Mus par un ressort invisible, les coureurs s'élancent. A 60 mètres, notre compatriote, malgré son décalage, a rétrogradé en sixième position. Notre anxiété grandit. La foule exulte. Mais soudain, ô surprise, à 80 mètres de l'arrivée, «Popaul», dans un déboulé désespéré, a remonté deux concurrents.»

Derrière Jesse Owens, vainqueur en 20''7 et qui venait d'obtenir la troisième de ses quatre médailles d'or, Metcalfe et Osendarp, deuxième et troisième, Paul Hänni prendra ainsi la quatrième place de cette finale historique, «en 21''3, c'est-à-dire exactement le même temps qu'Osendarp», nous avait alors précisé Jean Müller.

Paul Hänni, le surdoué de la rectiligne et du demi-tour de piste, le meilleur sprinter suisse de tous les temps, celui qui détint les records de Suisse des 100 m et 200 m de 1934 à...1961! L'ami de Jesse Owens aussi. Pour preuve cette déclaration faite par le héros des JO de 1936 à un journaliste helvétique allé le trouver chez lui, en Arizona, une quarantaine d'années plus tard. «Et mon cher Paul Hänni, de Tavannes, comment va-t-il? Je garde un merveilleux souvenir de nos longs moments passés sur les cendrées européennes et, bien entendu, sur le stade olympique de Berlin. C'était un crocheur et je redoutais toujours son finish dans les 40 derniers mètres.»

Paul Hänni, l'industriel, a résidé à Tavannes jusqu'à l'âge de 62 ans, avant d'aller s'établir en 1976 à Crans-Montana, où il s'est éteint en 1996.

Il marqua une page d'histoire de l'athlétisme suisse, il y a 73 ans à l'Olympiastadion de Berlin. /ALA

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