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La peur est taboue sur la Streif

Le mythe se fait respecter. Nervosité, appréhension, respect: les commentaires se rejoignent. La peur reste toutefois un mot tabou... Embarquez dans une cabine portant de préférence le nom d'un vainqueur de la Streif, celui de Franz Heinzer, par exemple, qui s'est imposé trois fois (1991 et 1992 à deux reprises) dans le Tyrol et gagnez la zone de départ de la descente mythique. Wouaw! Il faut avoir le c?ur bien accroché pour s'élancer du portillon de départ et se retrouver à 100km/h quelques secondes après la première poussée. «Dans le portillon, on ne pense plus à rien d'autre que donner le maximum», ose Didier Défago.

18 janv. 2008, 12:00

Des mesures ont été effectuées lors des entraînements: les skieurs passent de 0 à 60km/h en trois secondes environ. En comparaison, une voiture berline normale effectue la même accélération en 4,2 secondes; une Ferrari 360 Spider en 2,4 secondes... Et sur la Streif, ce n'est que le début. Les 3312 mètres du tracé complet proposent quantité de pièges, de traverses, de sauts et de passages techniques aux lattes des descendeurs. Le Mozart de la «Mausefalle», Fritz Strobl, détient le record du parcours en 1'51''58. Combien de casse-cou ne parviendront jamais à l'approcher? On tremble devant ce monstre.

Le Français Antoine Dénériaz, lui, n'a pas attendu cette classique du cirque blanc pour tirer sa révérence. Rongé par la peur depuis sa terrible chute d'Are en mars 2006, quelques semaines après son titre olympique de descente, il a jeté l'éponge à 31 ans le 5 décembre dernier. Brisant un tabou, il a révélé être tenaillé par la peur. Cette émotion est coutumière au départ de la Streif. Ceux qui découvrent le mythe n'hésitent pas à déchausser leurs lattes et renoncent. La peur? «C'est plutôt du respect», souligne Marc Berthod. «Je n'étais pas à l'aise. Je la referai peut-être l'an prochain!» Slalomeur autrichien, Rainer Schönfelder avoue: «J'étais nerveux. A l'arrivée, mon slip n'était pas coloré, mais mouillé.»

Didier Cuche reconnaît avoir eu la peur de sa vie lors de son premier départ à Kitzbühel en 1996! «Il a perdu plus de neuf secondes lors du premier entraînement. Rien que ça permet de comprendre beaucoup de choses», souligne Patrice Morisod, l'entraîneur. «Lors de mon premier entraînement sur la Streif, j'étais content de passer la ligne d'arrivée en un seul morceau», se souvient Didier Défago. Marco Büchel raconte: «Pour moi, il avait beaucoup neigé et c'était plus facile. Mais avec les conditions de cette année, je comprends qu'un skieur puisse avoir peur.»

«C'est une des Streif les plus difficiles que j'ai connues», relève Didier Cuche, qui était dans le coup lors des entraînements et qui tentera de confirmer sa position de meilleur spécialiste de la vitesse aujourd'hui en super-G comme demain en descente. Le Neuchâtelois avait remporté une Streif-sprint en 1998. Il doit gagner la «vraie descente» pour avoir son nom sur une cabine menant au départ.

«Nulle part ailleurs, la signification de monter sur le podium n'a autant de retentissement qu'à Kitzbühel», apprécie l'Américain Daron Rahlves. Les primes, les plus importantes du circuit - 115 000 francs suisses pour le gagnant de la descente comme pour le meilleur du slalom - appuient les paroles du vainqueur de 2003.

Avoir peur constitue un aveu de faiblesse. Les skieurs jouent sur les mots. «C'est plutôt de l'appréhension», appuie Olivier Brand. Pour sa première expérience, le Genevois a été servi: «La première reconnaissance confirme déjà les dires. Cela fait tout drôle de s'élancer. Lors du premier test chronométré, j'ai perdu un ski. C'est une descente très exigeante et il faut vraiment être à 100% dans sa tête et dans son ski pour l'affronter. Ce n'était pas le cas. J'ai préféré renoncer au deuxième entraînement.» / PAM

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