«Quand je suis sur la pelouse, j'y pense évidemment, reconnaît Zinedine Zidane. Je sais que ces moments deviennent rares et qu'ils feront bientôt partie du passé». Le capitaine des Bleus s'exprimait hier dans les arcanes du Gottlieb-Daimler Stadion. Pour évoquer cet énième rendez-vous avec ces Suisses, devenus les meilleurs ennemis du monde depuis deux ans. Dans une chaleur moite, dans une ambiance pesante, avec des déclarations laissant parler tantôt l'émotion, tantôt l'impatience d'entrer dans le vif du sujet, tantôt l'exaspération face aux remarques.
De la Suisse, il n'en est question que modérément. «Cette équipe a accompli de véritables progrès ces dernières années, lance Zizou. Nous savons à quoi nous attendre pour l'avoir souvent affrontée, nous avons étudié les vidéos de ses dernières sorties. Un succès 1-0 suffira largement à mon bonheur.»
L'état d'esprit du capitaine des Bleus va bien au-delà du rendez-vous helvétique. A Stuttgart, c'est une tournée d'adieux qu'il entame ce soir. Avec un nombre de représentations oscillant entre trois et sept, selon les résultats. La nostalgie n'a pas droit de cité. Des matches de préparation de Zidane en demi-teinte pour certains, plus que décevants pour d'autres, laissent planer le doute sur ses capacités à élever, encore une fois, son niveau dans cette équipe de France où il se sent mieux qu'au Real Madrid.
Dans l'Hexagone, Zinedine Zidane reste ce mythe vivant, le héros de la Coupe du monde 1998, l'homme qui a permis aux Bleus d'écrire leurs plus belles pages d'histoire. Mais la légende s'écorne. Et les critiques sur sa condition physique et sa capacité à tirer l'équipe à lui seul ne lui sont plus épargnées. Il ne les goûte que modérément. «Elles sont injustes, manquent d'objectivité et sont désagréables, assène-t-il devant l'ensemble des médias, avec un air mi-détaché, mi-fâché. Mais bon, c'était encore pire avant la Coupe du monde 1998. Espérons que le scénario sera identique.»
Les derniers chapitres sont encore vierges. Le «Weltmeisteschaft» allemand s'inspirera-t-il du succès de 1998? Ou alors du fiasco de 2002, lorsque la France avait sombré corps et âmes en Corée, payant un lourd tribut à la blessure à la cuisse de son meneur de jeu? «Ces comparaisons me donnent mal à la tête», clame l'enfant de Castellane (quartier de Marseille). Qui ne peut s'empêcher, pourtant, de rajouter. «Il est important de ne pas rater le match d'ouverture...»
Le souvenir douloureux du camouflet contre le Sénégal en 2002 n'est pas totalement effacé pour les Bleus. Face à l'équipe de Suisse, au-delà de la victoire qu'elle recherche, la formation de Domenech cherchera à repartir du bon pied. Aujourd'hui, la France est moins dépendante de Zidane. Pour le meilleur comme pour le pire. / OBR