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Julien Fivaz, dernier essai

Le Chaux-de-Fonnier aura une ultime occasion, aujourd'hui à Berne, de réaliser la limite pour les championnats d'Europe de Göteborg. Le recordman de Suisse (8,27 m) devra sauter au moins à 7,95 mètres Deux chiffres: 8,27 m et 7,95 mètres. Le record national de Julien Fivaz à la longueur et la limite exigée par la Fédération suisse pour qu'il soit du voyage, cet été, aux Européens de Göteborg (7-13 août). Entre les deux, 32 centimètres. Un peu plus qu'une règle d'écolier, ou qu'une grosse pointure de godasse, qui sépare un sensationnel recordman de Suisse (mais c'était en 2003) d'un éventuel recalé européen. Beaucoup, et si peu à la fois...

23 juil. 2006, 12:00

Le saut en longueur... Une discipline dont la «facilité» - on court, on saute, on mesure - dissimule une réalité vacharde. Pointe de vitesse, prise d'élan, précision sur la planche, maîtrise technique, vent favorable, ou tout ou partie de l'ensemble qui foire ou se dérègle: l'athlète s'envole au bout du sautoir ou se ratatine plus ou moins piteusement dans le bac à sable.

Un art majeur. «La longueur est une discipline complexe, témoigne Julien Fivaz. Il faut de la précision dans l'élan, qui peut être très perturbé si le vent est changeant, un bon enchaînement entre la course et l'impulsion, en prenant garde à ne pas s'affaisser sur la dernière foulée, et une parfaite maîtrise en l'air et à la réception, avec la volonté d'aller poser les pieds le plus loin possible.» L'athlétisme de haut niveau est un art majeur, réservé à des artistes, donc, ayant tellement de cordes à leur arc que d'archers, ils en deviennent harpistes virtuoses...

Dernière chance. Cet après-midi, lors du Swiss Meeting de Berne (Wankdorf, dès 18h05), Julien Fivaz abattra sa dernière carte. Ce sera 7,95 m au moins, sinon ses Européens défileront sur un petit écran de télévision. Christian Grossenbacher (400 m haies), Nicole Büchler (perche), Sylvie Dufour (heptathlon) et le 4 x 100 m masculin sont dans la même situation.

En chiffres. Les 7,87 m réalisés par le Chaux-de-Fonnier à Fribourg et à Meilen ont valeur de meilleure performance helvétique de la saison. Mais cela ne lui suffit pas. Passer les 8 m, c'est comme puiser à la louche dans le pot de confiture. On en redemande. En Suisse, seuls Rolf Bernhard (8,14 m) et Heinz Gloor (8,07 m) ont également soulevé le couvercle du bocal, en 1981 et 1982. On dira encore que cette saison, l'Italien Andrew Howe (8,41 m) est le seul Européen a avoir sauté plus loin que 8,27 mètres...

Le physique. Pas vraiment épargné par les blessures (deux opérations au tendon d'achille en janvier et décembre 2004), Julien Fivaz, après une saison 2005 blanche, a retrouvé une forme respectable. «Il me manque encore un poil de vitesse. Sur 100 m, j'en suis à 10''64, alors qu'en 2003, l'année de mes 8,27 m, j'avais abaissé mon record à 10''48. Cet hiver, je n'ai pas pu m'appuyer sur une bonne saison 2005. J'ai dû repartir à zéro, mais je sens que je progresse, que je monte en puissance vers mon pic de forme, qui devrait être atteint... lors des Européens! C'est pour ça que je veux cette limite à tout prix. Ce serait l'horreur d'être recalé et de sentir, le jour J, que l'on avait tout pour être de la fête...»

La technique. Comme la maîtrise du vélo, elle ne se perd pas. Mais elle s'affine. Après ses opérations, Julien Fivaz a troqué le simple contre le double ciseau. «Ce qui se passe en l'air est bien maîtrisé. S'il y en a, les erreurs surviennent plus souvent au moment de l'impulsion,»

Le mental. Ce n'est pas forcément lorsqu'il est sous pression qu'un athlète signe ses meilleurs résultats. «Pour l'instant, ça va. Je me sens plus fort de week-end en week-end... Mais on verra samedi. Il y aura davantage de stress.» Avantage non négligeable, ce Swiss Meeting sera le théâtre d'un match Suisse - Angleterre, avec sept disciplines au menu, dont la longueur. «Je suis sûr d'avoir six essais. Comme il n'y aura pas de pression liée à la qualification (réd.: après trois essais normalement), je pourrai attaquer dès le premier saut.»

Conclusion. S'il était cuistot, Julien Fivaz aurait sous la main tous les produits frais pour mitonner un bon menu gastronomique, sous réserve d'un éventuel défaut de cuisson ou d'assaisonnement. En clair, ces fameux 7,95 m, il les a dans les guitares. «Cela fait quatre compétitions que je pose des sauts mordus à plus de 8 mètres. A Meilen, j'en ai fait quatre! Je suis plus régulier qu'en 2003, mais il y a toujours un petit truc qui cloche. Les conditions du concours, le vent, l'élan... Dimanche dernier, j'ai sauté 7,87 m avec 15 cm de bon sur la planche. Intrinsèquement, la limite était acquise... Je reste donc confiant. Samedi, si les conditions sont favorables, cela devrait le faire. Je vais bien finir par passer un saut complet!»

La qualification pour les Européens de Göteborg sera à ce juste prix. / PTU

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