Fils d'agriculteurs producteurs de lait, Andres Ambühl (26 ans) possède un solide attachement à la terre qui l'a vu naître. «La nature, les montagnes, c'est sacré», sourit l'attaquant râblé (177 cm) au hockey chatoyant, savant mélange de rapidité et de technique. Avant de devenir professionnel dans l'organisation davosienne et en marge de ses obligations scolaires, il a beaucoup aidé ses parents aux travaux de la ferme.
«Jusqu'à l'âge de 16 ans», précise-t-il. La rudesse du métier exercé par ses géniteurs est-elle comparable à celle de hockeyeur professionnel? «Oh non! Paysan est un boulot bien plus difficile que le mien. Tu dois travailler du matin au soir, sept jours sur sept, te lever très tôt pour t'occuper des bêtes. Il n'y a jamais de vacances.»
Ses origines terriennes, Andres Ambühl y tient et les revendique. L'an passé, il a toutefois souhaité aller voir ailleurs si l'herbe était aussi verte que dans les environs de la ferme familiale. Il n'a pas choisi la voie la plus facile en signant un contrat «two ways» pour le compte des New York Rangers. Privé de temps de jeu lors des matches de pré-saison, il était envoyé sans ménagement en AHL, aux Hartford Wolf Pack. Il y a disputé un peu moins de 70 matches, ne réussissant que 14 points (8 buts et 6 assists). «Au début, on m'a confiné dans le quatrième bloc. J'avais moins de dix apparitions par match pour essayer de me mettre en évidence. Dans ces conditions, il était difficile de scorer. Ma situation s'est progressivement améliorée en cours de saison. Vers la fin, je bénéficiais de davantage de glace et j'ai pu, plus ou moins, montrer ce dont j'étais capable.»
Cette expérience outre-Atlantique ayant tourné court - il a signé un contrat de trois ans avec les ZSC Lions - n'a donc pas été si mauvaise que cela. «Elle reste quand même un peu spéciale. Pour ma confiance, j'aurais préféré jouer bien davantage. Mais cela m'a permis de voir autre chose, de quitter Davos où j'avais toujours évolué. Humainement et pour mon développement personnel, cette expérience reste une excellente chose. J'aurais bien sûr aimé bénéficier d'un peu plus de chance et d'estime de la part des dirigeants du club pour pouvoir mieux réussir. Mais c'est comme ça.»
La NHL, Andres Ambühl n'a pas tiré un trait dessus. «Ça reste un rêve. Dans mon contrat avec Zurich, il y a d'ailleurs une clause libératoire pour l'Amérique du nord. Elle sera en vigueur jusqu'au 15 juillet. On verra après les Mondiaux avec mon agent si elle sera activée ou non.»
Aux Mondiaux, justement, le Davosien laisse une excellente impression. Il était présent sur la glace sur quatre des six buts inscrits jusqu'à présent par la Suisse. Voilà qui lui permettait d'arborer le meilleur plus-minus du tournoi avant les rencontres disputées hier! «Vous me l'apprenez», sourit-il. «Cette statistique est importante, elle tend à prouver que ça se passe bien pour moi jusqu'à présent.» Elle démontre autre chose: l'attaquant est en forme et s'entend à merveille avec ses compères de ligne, Damien Brunner et Thibaut Monnet. «C'est vrai», acquiesce-t-il.
Mine de rien, Andres Ambühl dispute ses septièmes Mondiaux. Actuellement, il n'y a aucun Davosien pouvant en dire autant «C'est un choix personnel, il appartient à mes ex-coéquipiers. Pour moi, la question ne s'est jamais posée. C'est une fierté de pouvoir porter le maillot national.» Elle pourrait être plus grande encore si la Suisse venait à réaliser un truc face au Canada, ce soir (coup d'envoi à 20h15). /FLO