Avec ses détours scabreux, cette épreuve a une grosse importance dans le calendrier flandrien. Les amoureux de vélo s'étonnent quand on se demande si cette épreuve à sa place dans le ProTour. «Ce n'est pas une date majeure comme le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, mais c'est un rendez-vous ancré dans la tradition et très prisé par les amateurs de vélo. Tous les grands Flandriens y ont gagné», étaie un spécialiste.
Un petit coup d'?il au palmarès suffit pour se convaincre que ne gagne pas à Wevelgem qui veut. Le grand Merckx, le terrible Van Looy, l'inévitable Kelly ainsi que les redoutables sprinters Cipollini et Boonen ont enlevé cette classique. «Elle est juste un peu dévalorisée parce qu'elle se dispute en semaine. Mais elle n'en reste pas moins populaire», rappelle les gens du coin. Les 200 coureurs (25 équipes inscrites!) au départ ne devront pas hésiter à jouer des coudes pour se frayer un chemin au milieu de cette meute dans le célèbre Mont Kemmel, «l'autre Koppenberg».
Cette difficulté représente le véritable juge de paix de la course. Pas seulement parce qu'il s'agit du point le plus élevé des Flandres (156 m!) et que sa pente moyenne est de 7,8%, mais aussi parce que sa descente est terrible. Sept coureurs s'étaient retrouvés sur le pavé en 2007, dont un (Casper) sérieusement blessé. «Cette année, nous avons prévu une descente sur une route asphaltée», souligne les organisateurs. Tant mieux pour le peloton. La double ascension dudit mont promet pourtant un joli spectacle. A 37 km de l'arrivée, on connaîtra les battus.
«Une course en Belgique, c'est toujours spécial», résume Martin Elmiger, promu leader de son équipe (AG2R) aujourd'hui. «Tout dépend du vent. S'il souffle, la course devient très difficile. Sinon, c'est très nerveux. Tout le monde veut être bien placé et cela se termine souvent au sprint.» Dans ce cas, Tom Boonen est le grand favori. Il est de son devoir de s'imposer dans la cité hébergeant l'entreprise de son patron Patrick Lefévère.
Les Suisses, avec Clerc (Bouygues-Télécom), Schär, Rast (Astana), Bertogliati (Saunier-Duval), Cancellara (CSC), Wesemann (Cycle Collstrop) et Elmiger (AG2R), auront fort à faire pour s'illustrer. «Je me sens plus en forme que dimanche au Tour des Flandres», assure Martin Elmiger. «J'ai bien récupéré. Aujourd'hui, ce sera tout de même moins dur. Il y aura un peu moins de grands coureurs au départ et j'aurais peut-être ma chance.»
Ce serait une drôle histoire belge écrite par un Suisse... / JCE