Istanbul, Klagenfurt ou Londres, François Affolter s'offre un été riche de voyages. Il y ajoute des excursions nationales à Zurich ou à Bellinzone. La cadence pourrait lui valoir les sollicitations du «Guide du routard». Comme conseiller spécial pour la rédaction d'un ouvrage dédié aux sportifs notamment. Le défenseur des Young Boys nourrit d'autres ambitions. «Cette première sélection ressemble à un examen scolaire. Elle donne une possibilité de montrer ses qualités et débouche sur une appréciation. Je veux profiter de cette chance pour me profiler», confie-t-il dans l'attente de l'embarquement du vol spécial qui conduit l'équipe de Suisse en Autriche.
Le Biennois inaugure le trois pièces gris et la cravate rouge et blanche, tenue officielle de la sélection A lors de ses déplacements. «Ça montre que l'aventure a vraiment commencé. Ce que je vis aujourd'hui concrétise tout ce que ma présence sur la liste me faisait deviner.» Moreno Costanzo, son coéquipier bernois et également néophyte, a moins de chance. L'appelé de dernière seconde se contente d'un jeans et d'un T-shirt. L'intégration ne se limite pas à la tenue. «Il faut parler avec les autres joueurs, il faut s'approcher d'eux. Je me dirige d'abord vers mes coéquipiers de YB, Costanzo ou Wöfli, puis vers Gelson, Grichting ou Ziegler, vers les Romands à cause de la langue.» Le coup de jeune donné par Ottmar Hitzfeld lui permet de retrouver des visages connus. Xherdan Shaqiri, Nassim Ben Khalifa ou Valentin Stocker ont été ses coéquipiers en sélections nationales juniors.
Coincé entre deux tours qualificatifs de Ligue des champions contre Fenerbahçe et Tottenham, l'amical déplacement autrichien n'exerce pas le pouvoir d'attraction des autres destinations. «Le contexte est différent. Le sélectionneur veut me voir à l'uvre comme d'autres éléments, les enjeux sont peut-être plus individuels que collectifs. Cette attention particulière engendre une petite pression.» Un défenseur qui résiste dans un stade turc surchauffé peut affronter sereinement la pression autrichienne. Même en plein été. «C'était fort contre Fenerbahçe avec ses individualités et son budget, mais la page est tournée.» Celle de Tottenham s'ouvre dans une semaine. «Je ne regarde pas aussi loin. Ce sera l'Autriche mercredi, puis Xamax samedi. La gestion des différentes compétitions et la transition entre elles sont essentielles. Le parcours de Zurich la saison dernière prouve la difficulté de concilier une participation à la Ligue des champions et le championnat national. Les voyages sont intéressants parce qu'ils prouvent que vous êtes dans le coup, mais ils sont éprouvants pour la tête.»
La récupération ne figure pas au programme. La multiplication des échéances la réduit depuis que l'arrivée de Vladimir Petkovic à la tête de Young Boys a donné une forte impulsion à sa carrière. «Il contribue énormément à ma progression. Il m'a intégré en première équipe, il m'a donné ma chance, puis il m'a fait confiance dès la première année. Cette confiance est un facteur essentiel. Il y a deux ans je n'étais même pas professionnel.» Istanbul, Klagenfurt ou Londres lui découvrent une nouvelle vocation. «Je n'ai jamais été un grand voyageur durant les vacances d'été, je restais plutôt à la maison. J'étais toujours en décalage avec les copains pour partir. Et le faire seul ne m'a jamais motivé.»
L'été 2010 lui ouvre de nouveaux horizons. Celui des voyages qui forment la jeunesse. Avec une capacité d'apprendre qui le propulse dans la cour des grands. /SFO