Ernesto Bertarelli va prendre le temps de réfléchir

18 févr. 2010, 12:02

Ernesto Bertarelli entend se donner le temps de la réflexion avant d'envisager une nouvelle participation à la Coupe de l'America. De retour de Valence, où il a été dépossédé de l'aiguière d'argent par Oracle, le Genevois a convié quelques journalistes pour tirer un bilan des dix dernières années d'Alinghi.

En arrivant dans l'hôtel où rendez-vous avait été pris, l'homme d'affaires s'est laissé aller à l'humour, en prenant place en bout de table. «Je me mets sur le sofa? On commence ma psychanalyse?», s'est-il amusé en désignant le canapé prévu pour lui.

«Il est difficile de savoir ce que sera la 34e édition de la Coupe de l'America», explique-t-il. «Si la date est 2013, ça fait loin. Si nous devons retourner aux anciennes versions 5 (réd: les bateaux de 2007), je ne suis pas sûr qu'Oracle laisse naviguer notre SUI 100. Mais si le defender met sur pieds un jeu équilibré, avec des chances équitables et que les challengers sont bien représentés, on repartira!»

Et Ernesto Bertarelli de se réjouir «de ne plus être seul à la table des négociations», puisque, désormais, il n'est plus qu'un challenger parmi d'autres. Mais le patron d'Alinghi est aussi extrêmement sceptique sur la prochaine édition, notamment en songeant à l'attitude de Vincenzo Onorato, le président de Mascalzone Latino, désigné par Oracle challenger of record, c'est-à-dire représentant de tous les challengers et responsable de fixer les règles de la prochaine édition de la Cup.

«Je crois que nous sommes revenus sur un modèle de Cup très chère. Quand je vois que, le jour de l'annonce, Vincenzo Onorato porte une veste «Oracle», je me pose des questions. Je n'ose même pas imaginer ce que l'on aurait dit si, en 2007, le représentant du Desafio Español (réd: le challenger of record de l'époque) avait porté les couleurs d'Alinghi»

Ayant convoqué la presse pour «tourner une page sans refermer le livre et ouvrir un nouveau chapitre», Ernesto Bertarelli a également tenu à répondre aux critiques qu'il a pu lire çà et là dans la presse. «Tous les projets que j'ai en tête sont ambitieux. Mais il faut qu'on accepte, en Suisse, que l'on peut aussi perdre! Si on n'accepte pas la défaite, il ne peut pas y avoir de succès.»

A des années lumières de cautionner le discours qui voudrait cantonner la Suisse «au ski, au fromage et à l'horlogerie», le Genevois va réfléchir à diverses manières de continuer l'aventure Alinghi. Tout en évitant la précipitation. «Nous sommes dans un monde du «what next», comme si tout devait être calqué sur le zapping devant sa TV. Mais la réalité est autre. La réalité, c'est prendre du temps, refaire le plein d'énergie pour repartir. Avec l'âge, j'ai compris l'importance d'une marche en solitaire dans la montagne...»

Reconnaissant sa défaite sur l'eau, l'ancien propriétaire de Serono a refusé de ne résumer qu'à cela les dix ans vécus depuis le lancement de son défi. «Le bilan est assez positif. Sur trois participations à la Coupe de l'America, on gagne deux fois. Cette 33e édition nous a permis de nous rendre compte de la difficulté de remporter ce trophée, dominé par les Américains. Elle a aussi permis de vivre toute l'histoire de la Coupe en peu de temps, avec tout ce que cela comporte comme splendeur, mais aussi comme difficultés et écueils.» /si