«La finale fut vraiment le match le plus dur de la quinzaine, reconnaît Roger Federer. J'étais le grandissime favori et Baghdatis le parfait outsider. Mes craintes étaient fondées. Je n'étais pas loin d'être mené deux sets à rien. J'y ai pensé. Mais je crois que j'aurais pu encore renverser la situation si le match avait épousé un tel scénario.»
Le déroulement de cette finale et les deux alertes qu'il a essuyées face à Tommy Haas et Nikolay Davydenko l'aideront dans sa réflexion quant à son éventuelle participation à la rencontre de Coupe Davis dans dix jours contre l'Australie. «Je ne me suis toujours pas décidé, avoue-t-il. Je veux encore parler avec Tony Roche et Pierre Paganini pour être sûr de faire le bon choix. D'ici Roland-Garros, je dois être très méticuleux dans l'élaboration de mon programme. Même si le processus de guérison de ma cheville se déroule parfaitement, il y a un fait qui est indéniable. Ma cheville droite n'est toujours pas comme ma cheville gauche...»
Le grand rendez-vous de la Porte d'Auteuil mobilise déjà toute son attention. Le désir de se donner toutes les chances de s'imposer enfin à Roland-Garros l'amène à apporter deux modifications à son programme. Ainsi contrairement à l'an dernier, il a demandé à Tony Roche de le suivre aussi à Indian Wells au début mars. «Je ne veux pas contraindre Tony à voyager sans cesse, lâche-t-il. Mais j'ai tout de même besoin de le voir régulièrement. Indian Wells est un bon compromis pour nous deux.»
Par ailleurs, il est résolu à s'aligner ce printemps dans les trois tournois Masters-Series sur terre battue: Monte-Carlo, Rome et Hambourg. En 2004, il avait fait l'impasse sur Monte-Carlo, en 2005 sur Rome. «A Roland-Garros, il faut être prêt à tenir le coup tant physiquement que mentalement, affirme-t-il. Pour y parvenir, j'ai besoin de jouer beaucoup de matches sur terre.»
Même s'il n'échangerait pas une quatrième victoire à Londres contre un premier sacre à Paris - «Wimbledon demeure le tournoi No 1 pour moi», répète-t-il -, Roger Federer sait parfaitement que le défi qui lui est proposé sur terre battue est, aujourd'hui, le plus exaltant. «A mes yeux, un seul fait explique pourquoi gagner à Paris est le plus difficile: j'ai tout simplement beaucoup plus d'adversaires sur terre battue que sur les autres surfaces» poursuit le No 1 mondial.
L'an dernier, Rafael Nadal lui avait barré la route en demi-finale. «Je conserve le souvenir d'avoir livré un match décent contre Rafael, glisse-t-il. Mais Nadal était tout simplement le meilleur joueur de l'année sur terre battue. Sa victoire à Paris était amplement méritée.» Absent à Melbourne, le joueur des Baléares témoignera-t-il toujours ce printemps du même punch dévastateur? Les chances de Federer à Roland-Garros dépendront en partie de la réponse à cette question. / si