Victime de crampes et de la fatigue, Fabian Cancellara n'a pas pu aller au bout de son rêve et a échoué à la 50e place de la course en ligne des Mondiaux sur route à Geelong (Aus). L'arrivée s'est jouée au sprint, dont a émergé Thor Hushovd qui apporte à la Norvège son premier titre dans cette épreuve.
«Spartacus», après tout, n'est pas un surhomme: trois jours après son quatrième titre mondial historique du contre-la-montre, Cancellara a manqué de forces sur le difficile circuit australien, long de 262,7 km. A une vingtaine de kilomètres du but, il a dû laisser filer le groupe de tête, pour rallier l'arrivée avec 7'26 de retard.
«Je n'avais plus d'essence dans le moteur», a confié le Bernois. «J'ai souffert de crampes et je n'ai plus pu suivre le rythme.» Les fortes ondulations du parcours, avec 3076 mètres de dénivellation sur les 180 derniers kilomètres, avaient usé son organisme. Cancellara n'est pas vraiment dans son élément quand il s'agit de gravir 22 fois une cote présentant une déclivité allant jusqu'à 20%.
A l'impossible...
Les sept coureurs suisses avaient pourtant tout fait juste. Danilo Wyss et Martin Kohler se sont d'abord sacrifiés pour ramener leur leader dans le groupe de tête, après une cassure dans la première partie de course. Puis Michael Albasini et Steve Morabito se sont montrés à leur avantage lorsqu'un nouveau groupe, comprenant de nombreux favoris, s'est formé à l'avant à 90km de l'arrivée.
Cela n'a pas suffi, mais Cancellara peut être fier de sa saison. Ses succès au Tour des Flandres, à Paris-Roubaix, au Tour de Suisse (une étape), au Tour de France (une étape et le prologue) ainsi que son titre mondial au contre-la-montre font de lui un ou le sportif suisse majeur cette saison. Atteindre un nouveau pic de forme en Australie après le printemps et l'été aurait constitué un exploit fantastique.
Pour la victoire au contre-la-montre, sa grande spécialité, les qualités naturelles du Bernois ont suffi. Mais il aurait fallu plus dans la course en ligne, épreuve dans laquelle Cancellara est toujours dans l'attente d'une première médaille. Seuls deux autres Suisses ont terminé la course: Martin Elmiger (55e) et Steve Morabito (59e).
Passionnant
La course a été haletante jusqu'au bout. Le Belge Philippe Gilbert a bien cru gagner jusqu'à trois kilomètres du but, avant d'être rejoint et de laisser la place à une arrivée au sprint, pour le plus grand bonheur de Thor Hushovd.
A 32 ans, le Norvégien, deux fois maillot vert du Tour de France, a gagné devant le Danois Matti Breschel et l'Australien Allan Davis, qui offre au pays hôte un lot de consolation après la perte du maillot arc-en-ciel par son compatriote Cadel Evans.
«C'est un rêve», a confié le vainqueur. «Je vais maintenant savourer, essayer de savourer ça tous les jours (...), regarder ce maillot parce que j'ai eu cette chance qui ne se reproduira peut-être jamais.»
Hushovd, qui n'est plus un sprinter capable de rivaliser avec les hommes les plus rapides du peloton mais dont la robustesse et la puissance le propulsent désormais au rang des meilleurs coureurs des courses d'un jour, a profité du fait que plusieurs sprinters purs avaient été éliminés par la succession des petites cotes.
«Je ne pouvais pas me reposer sur une forte équipe comme l'ont fait les Italiens, les Belges et les Espagnols», a-t-dit. «J'ai profité du travail accompli par les équipiers d'Oscar Freire pour conserver mes chances et finalement gagner.»
Approchant les 60 victoires, comptabilisant déjà sept victoires d'étapes dans le Tour de France, des succès dans Gand-Wevelgem, dans des étapes de la Vuelta et du Critérium du Dauphiné, Hushovd présente un magnifique palmarès. /si