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Océanographe et fondateur de l’Association Danse Neuchâtel, François Nyffeler n’est plus

Un homme de la mer amoureux fou de la danse nous a quittés. Hommage à l’océanographe François Nyffeler, fondateur de l’Association Danse Neuchâtel (ADN), décédé en août dernier des suites d’un cancer.

13 oct. 2020, 11:00
François Nyffeler, en novembre 2017 à son domicile d'Auvernier, alors qu'il était déjà bien malade.

Né à Neuchâtel en 1940, cet homme hors du commun a grandi dans l’enceinte de l’usine à gaz de la Maladière, à Neuchâtel. Son père y travaillait comme contremaître tandis que sa mère était couturière. Issu d’une famille modeste, François Nyffeler fait ses études à Neuchâtel jusqu’à l’Université où il étudie la physique tout en découvrant la plongée, à l’origine de sa passion pour la mer.

A 23 ans, il décroche une bourse et monte à Paris étudier l’océanographie. Remarqué par son professeur, François Nyffeler est engagé pour ouvrir un laboratoire à Villefranche-sur-Mer afin d’étudier comment les particules en suspension dans l’eau de mer diffusent la lumière produite par un laser. Il fera de cette étude l’objet de sa thèse, soutenue avec succès en France en 1969.

A bord de la Calypso

Le voilà docteur et océanographe! Dès lors, François Nyffeler enchaîne les mandats. Il monte à bord de la Calypso de Cousteau pour étudier les courants, il pose des balises au large de la Calabre mafieuse, il est suivi à Cuba, reçu au Kremlin, surveillé par le KGB. Proche du prince Rainier, il plonge en bathyscaphe à 4000 mètres et contribue à sauver Venise de la montée des eaux…

Sa carrière d’océanographe prend un nouvel essor lorsque la Société coopérative suisse pour le stockage des déchets radioactifs le mandate pour évaluer les risques liés à l’immersion en mer de ce type de déchets. François Nyffeler construit un laboratoire dans un conteneur embarqué sur différents navires pour mesurer la diffusion par les courants de particules en suspension.

Scientifique atypique

Le travail dès lors ne manque pas et l’océanographe, qui développe des appareils de mesure révolutionnaires, navigue de la Méditerranée à l’Atlantique. Scientifique atypique, le défunt était aussi un bon vivant, fidèle en amitié, faisant preuve d’un optimisme sans bornes, un aventurier qui aimait partager sa bonne humeur et sa joie de vivre.

En 1986, François Nyffeler crée le groupe Limnocéane pour l’étude des problèmes environnementaux de l’océan et des lacs. Cette nouvelle étape de sa carrière l’occupera jusqu’en 2005, date à laquelle il regagne la terre ferme pour prendre sa retraite.

Avec un peu d’amertume toutefois. Car les dernières années furent difficiles. L’impossibilité d’obtenir des fonds pour poursuivre ses recherches l’a contraint à liquider sa société. Et puis ce chargé de cours à l’Institut de géologie n’avait pas que des amis au sein de l’Université de Neuchâtel.

La danse comme ADN

François Nyffeler aimait aussi passionnément la danse contemporaine. En 1980, il rencontre Josiane Cuche, qui deviendra sa femme. Ensemble, ils ouvrent une école de danse – JC Equilibre – dans une ancienne salle de gymnastique de l’Evole. C’est là que se dérouleront à partir de 1996 et sept ans durant les spectacles programmés par l’Association Danse Neuchâtel, qui fera venir dans notre ville la crème des danseurs et danseuses de Suisse.

L’aventure «Hiver de danses»

En 2003, François Nyffeler et Jo Cuche lancent un festival estival qui se déroule hors les murs. Il s’agit de surprendre les passants en faisant surgir la danse dans leur quotidien. A cette vaste scène ouverte succède, dès 2011, Hiver de danses, qui nous a permis de découvrir des chorégraphies de grande qualité. L’ADN a fêté ses 20 ans en 2016, alors que François Nyffeler était déjà bien malade. Le couple décide alors de passer la main à Nicole Seiler et Philippe Olza, qui redonneront un nouveau souffle à cette association.

Une plate-forme pour la création helvétique

Au fil du temps, l’ADN s’est imposée comme une plate-forme d’échange entre artistes de différents horizons. De 1996 à 2016, François Nyffeler et Jo Cuche ont fait venir à Neuchâtel pas moins de 250 compagnies et organisé de nombreux stages. La danse aurait sans doute disparu du paysage culturel de notre ville sans l’infinie passion de ce couple amoureux fou de cet art, qui a donné sans compter de son temps et de son argent pour le faire survivre à Neuchâtel.

Patrice Neuenschwander

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