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Neuchâtel: «Nous l’Europe», un manifeste qui a enflammé le théâtre du Passage

Seules dates en Suisse, les deux représentations de «Nous l’Europe – banquet des peuples» ont enflammé le théâtre du Passage de Neuchâtel les 23 et 24 janvier derniers. La critique de Sophie Winteler, rédactrice en chef adjointe.

27 janv. 2020, 14:00
Karoline Rose, dans "Nous l'Europe - banquet des peuples".

«Vous cracherez peut-être sur notre insouciance passée et vous aurez raison. Il y a un continent à inventer maintenant.» En entrant dans la salle du théâtre du Passage, cette phrase est écrite en grand sur le mur, décor central de la pièce «Nous l’Europe – banquet des peuples», jouée jeudi 23 et vendredi 24 janvier à Neuchâtel. Elle est extraite du monologue d’Artemis sur la Grèce. Mais ce sont bien les mots de l’écrivain Laurent Gaudé qui vont évoquer cette épopée contée en 140 minutes. Au pas de charge.

Car les interrogations fusent continuellement. «On a dit oui? Vous vous souvenez d’avoir dit oui? On avait dit non mais on devait dire oui. Alors ça a été oui… Et elle vient de là notre colère envers l’Europe.» Voilà pour le postulat de départ de cette pièce, qui se veut un cri d’amour pour cette Europe aujourd’hui malmenée. Un mariage de nations qui n’a pas réussi à unir pour devenir la grande Patrie commune.

Sur la scène nue, habillée de 40 matelas et de ce mur, les comédiens de plusieurs pays, accompagnés par des dizaines de chanteurs neuchâtelois, racontent. Ils chantent aussi, dansent, hurlent parfois façon opéra rock (magnifique performance de la comédienne-chanteuse allemande Karoline Rose) les convulsions de l’histoire européenne.

Jeu sans frontières

Une histoire terriblement dense. Que Gaudé écrit à coups de phrases ciselées, percutantes, brillantes. Les comédiens, eux, – excellents par ailleurs – les lâchent parfois à une vitesse supersonique. Presque trop rapidement pour en apprécier le sens (séance de rattrapage possible avec le livre publié chez Actes Sud). Mais qui montre bien l’urgence pour l‘écrivain de convaincre qu’ensemble on est plus fort que chacun dans son coin.

Un vœu partagé par l’ancien conseiller fédéral Joseph Deiss, grand invité de la représentation de jeudi: «Je me sens Européen tous les jours». Et d’ajouter ne pas aimer le mot frontière, «qui signifie une coupure alors que c’est là où se confrontent les cultures.» Ce n’est pas tous les jours que l’Europe déchaîne les foules, du moins celles du Passage, debout et enthousiastes.

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