Pour sa 76e saison, la troupe locloise Comoedia revient à ses anciennes amours avec un vaudeville, contemporain celui-ci, de la plus indicible fantaisie. Ecrit par Eric Delcourt, «La sœur du Grec» fait partie de ces histoires totalement abracadabrantes qui vous donnent le tournis tant elles balancent entre l’absurde, le burlesque, l’extravagant et l’irrationnel.
Pour en venir à bout, il faut des comédiens qui soient à même de se lancer dans un exercice de haute voltige, demandant du bagou et le sens de la répartie. Le metteur en scène Jean-François Droxler, qui connaît ses gens comme sa poche, n’a eu aucune peine à dénicher ces perles rares.
Prendre son mal en patience
Ils sont six à se partager les rôles de Camilla (Belinda Berberat) et Lucas (Stéphane Mollier), un couple trentenaire de bobos parisiens qui s’apprête à passer un Réveillon «tranquille» dans une location; Tom (Thierry Noël), qui est en pleine déprime parce qu’il vient de se faire larguer par sa copine; Virginie (Elodie Paratte) et Paul (Patrick Huguenin), un autre couple qui prétend avoir loué le même appartement; et Carmen (Shadya Quadranti) dans la peau de la maîtresse menaçante…
Tout ce petit monde va devoir cohabiter sous le même toit le temps d’une fête délirante ponctuée d’événements rocambolesques.
Il faut avoir un peu de patience pour assembler toutes les pièces de ce cocktail explosif et haut en couleur, mais on n’est pas déçu du résultat. Et nous voilà partis pour un enchaînement de fous rires déclenchés par des situations souvent inextricables et des répliques tordantes. Tout n’est pas toujours de la plus grande finesse, mais qu’importe.
L’essentiel, c’est que les protagonistes sont convaincants dans leurs personnages, flirtent avec la caricature et font partager à tout le public leur plaisir de jouer. Ultime pied de nez, la clé du titre de la pièce est livrée à la toute dernière minute. Le suspense est à son comble…
Pierre-Alain Favre
Le Locle, théâtre de la Combe-Girard, jusqu’au 18 avril. Réservations sur www.comoedia-lelocle.ch