Grâce à Andrée (1937) et Claude (1935) Frossard, «ArcInfo» et plus anciennement «L’Express» et «L’Impartial» vont assurément passer à la postérité! Pas nécessairement sous la forme attendue, car le journal est ici réduit, torsadé et tissé dans les tapisseries qui ont fait la renommée internationale de ce binôme créatif. On ne sait pas vraiment si cela tient au grammage ou à l’empreinte locale, puisqu’ils sont établis de longue date à Saint-Aubin, toujours est-il que ce papier sous compresse a connu de multiples contrées, avant de revenir une nouvelle fois chez Jonas.
Symbiose à travers le temps
Aux commandes d’un art qu’ils partagent en symbiose depuis plus de 60 ans, elle au travail du lin cousu, lui à la console des couleurs, ils ont découvert et partagé de nombreux courants artistiques au fil de leur carrière sans jamais se figer dans le passé. Ainsi, les tapisseries azurées, brutes ou dorées côtoient des monochromes inscrits dans les différentes poétiques qui animent leur création entre signes et lettres, architectures et paysages, le duo redéfinissant de nouveaux espaces sous forme de séquences qui rythment le temps, le passage d’un état créatif à l’autre.
Au gré de leurs travaux, les influences sont si plurielles, mais singulières, qu’il est inutile d’y accoler de grandes écoles sans gommer une partie d’un héritage qui leur est propre. On laissera le spectateur se forger un avis en parcourant leur foisonnante monographie sur place.
La visite nous conduit alors dans diverses réminiscences intellectuelles et forcément factuelles pour faire émerger les intentions des auteurs, car ils n’y laissent aucune information, ni titre, ni valeur qui puisse nous suggérer autre chose qu’une reconstruction purement personnelle, un rapport très individuel à ce que procure leur art sur notre esprit.
Camille Pellaux
Galerie Jonas au Petit-Cortaillod, jusqu’au 28 octobre.