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«Bescherelle ta mère!», l’air du temps d’Anabelle Bourquin

L’inattendu dénouement d’une soirée consacrée à la grammaire française. Découvrez la chronique «Air du temps» d’Anabelle Bourquin

14 févr. 2020, 05:30
AirDutemps-AnabelleBourquin

Elle allait y passer une bonne partie de la soirée. Mission: ne pas démissionner. Le festin allait coûte que coûte devoir être dégusté, restait juste la possibilité de choisir la vaisselle. Plat de résistance: le passé composé, et ses auxiliaires être et avoir. Autant y aller posément.

Face à elle, une désespérée de 10 ans, la bouche en circonflexe, le crayon indécis. Sa feuille était usée par les allers-retours de la gomme. Sur son visage s’était lu l’espoir de livrer une bonne réponse. Il affichait désormais le dépit d’être à nouveau hors des clous. Mais la vaillante s’accrochait, bringuebalée entre l’envie de comprendre et la peur de faillir.

Ça n’était pourtant pas compliqué, avait fini par s’exaspérer sa mère. «Les verbes accompagnés de l’auxiliaire ‘être’ forcent l’accord du participe passé. Il est allé, elle est alléE, nous sommes partiS,…» A contrario, s’irritait-elle encore, «’avoir’ ne s’accorde pas (sauf si le complément d’objet direct… Mais il est heureusement trop tôt pour en parler): ‘j’ai aimé, j’ai mangé, j’ai partagé… La terminaison est ‘é’, rien à ajouter, pas de ‘e’, pas de ‘s’» (sauf si… Mais ce sera avantageusement plus tard).

Au fil des explications, des exemples, des encouragements – tout de même – l’élève semblait apaisée. Bon sang, mais bien sûr! Être, on accorde, avoir, on n’accorde pas, ‘é’, simple, invariable (sauf si… Mais on en reparlera), évident. Une dernière dictée pour s’assurer de la bonne compréhension des explications.

Les corrections.

«Vivre», au passé composé? «J’ai vécué». «Parce que tu m’as dit qu’avec ‘avoir’, c’est invariable, donc ‘é’»

Fatiguées, toutes les deux.

Mais le lendemain, elle a sorti un sans-faute non sans fierté. Partagée. 

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