D’un dictaphone oublié dans un tiroir naît un spectacle, une expérience sensorielle, un théâtre de sons. Multidisciplinaire, inclassable. Olivia Pedroli livrait «Les volontés», toute la fin de semaine dernière au Théâtre populaire romand de La Chaux-de-Fonds.
A l’origine, il y a cette bande sonore oubliée dans un dictaphone, lui-même délaissé au fond d’un tiroir; l’est-elle vraiment? Qu’est-ce le hasard? Sur cette cassette d’un autre temps surgit la voix du grand-père d’Olivia Pedroli dictant ses dernières volontés. Froid et sans émotion. L’artiste neuchâteloise joue du piano sur ce texte. Piano amplifié, préparé. Glas répétitif.
La voix de la musicienne se superpose à sa propre voix travaillée par ordinateur. De motifs simples: l’artiste fait évoluer l’univers sonore, utilise la technologie, la chaleur de sa voix, l’infinie variété des sons du piano.
Ambiances fantomatiques
D’autres archives sonores viennent compléter celle du grand-père. Réflexions sur la mort, sur la transmission. Olivia Pedroli empile les sons dans un univers sombre et psychédélique.
Surgissant de cet univers de mort, d’ambiances fantomatiques, l’enregistrement d’un cœur de bébé à naître. Celui du fils d’Olivia Pedroli, 24 heures avant sa naissance. On passe de la mort à la vie. Le spectacle prend alors une tout autre dimension. La rage disparaît. Une berceuse surgit. L’artiste fait face au public. Dans un moment d’une infinie tendresse, elle questionne la vie.
Que nous apprend l’évolution technologique? Qu’avons-nous reçu de nos ancêtres? Que voulons-nous transmettre? Quelles sont nos volontés? Olivia Pedroli interroge. Elle construit un spectacle elliptique. Passé, présent et futur. Mort et vie.
Une création énigmatique qui questionne au plus profond de soi. A l’image de l’artiste qu’est Olivia Pedroli.
Saskia Guye