Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Quand un best-seller fait la fortune d'un sorcier balinais

«Prenez un ticket, s'il vous plaît!» Avant le best-seller d'Elizabeth Gilbert, «Mange, prie, aime», Ketut Liyer était pauvre. Aujourd'hui, le sorcier balinais protagoniste du roman fait fortune grâce à une notoriété soudaine qui draine des milliers de touristes, avides de ses prédictions.

23 févr. 2011, 12:07

Un dimanche en milieu d'après-midi. De gros nuages noirs roulent dans le ciel. Les ménates s'agitent dans leurs cages au milieu des frangipaniers et des orchidées qui subliment la cour centrale du kampong, quartier familial et traditionnel. «Regarde! C'est lui!»: Mary, une Américaine de 26 ans, sort son appareil photo, toute excitée, sous le regard complice du personnel de la maisonnée plutôt cossue située à la sortie d'Ubud à Bali.

Assis sur des nattes ou des chaises alignées, une dizaine de personnes, des Américains, Sud-Africains, Japonais ou Indonésiens, attendent patiemment pour consulter le maître des lieux, sorcier «de la neuvième génération», âgé, selon les sources, de 94, 95 ou 100 ans. A raison de 250 000 rupiahs (environ 26 francs) la consultation, il va passer une vingtaine de minutes avec chacun, observant tour à tour ses yeux, ses mains, son dos et ses genoux. Un examen «magique» qui débouche invariablement sur un diagnostic optimiste pour l'avenir, confirment plusieurs d'entre eux. «De 8h à 18 heures tous les jours... 50 personnes en moyenne», précise son fils, Nyoman, la cinquantaine, qui officie comme traducteur.

Une aubaine ce livre? «C'est une belle vie!», répond-il avant de vérifier l'ordre de passage des «clients». Et les Balinais? «Il les voit plus tôt, le matin et n'accepte que des offrandes en nature», ajoute-t-il. Ketut Liyer a prédit à Elizabeth Gilbert, auteure de «Mange, prie, aime», best-seller autobiographique adapté au cinéma, qu'elle reviendrait vivre à Bali où elle rencontrerait l'amour... Une prédiction qui s'est réalisée, apportant à l'écrivaine américaine l'apaisement qu'elle avait cherché en Italie et en Inde.

«Je suis déjà venue en 2005. C'était avant le roman (publié en 2006 aux Etats-Unis) et la publicité», dit Anna, une Australienne venue avec une amie. Elle tend la main vers l'affiche du film, soigneusement épinglée sur une porte. «A l'époque, il m'avait fait lire des paragraphes d'un gros livre. C'était surprenant. Aujourd'hui, il est fatigué. Il y a tant de monde!», ajoute-t-elle, incrédule.

Vêtu d'un sarong traditionnel, d'un T-shirt et d'un bandeau en tissu autour du front, le sorcier, petit homme au sourire édenté, au regard rieur et à la peau parcheminée, est assis en tailleur sous le porche. Près de lui, un petit autel rempli de paniers d'offrandes traditionnels. «Il m'a dit la même chose qu'à mon amie: que je serai riche, heureuse et que j'aurai deux enfants! Bon... Mais je pourrai dire que je l'ai rencontré!», commente Mareyka, 29 ans, de Cap Town (Afrique du Sud).

Tandis que le jour baisse, les clients occidentaux de Ketut Liyer continuent d'arriver, affichant un air maussade à la vue de tous ceux qui les précèdent.

La pluie commence à tomber. Le sorcier en profite pour faire une pause. Il faudra encore patienter un peu sauf si, dit Nyoman, Ketut décide que les dieux balinais et son organisme ont besoin d'un repos prolongé, bien mérité. /SLA-ats-afp

Votre publicité ici avec IMPACT_medias