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Pour Michael Moore, la charité ne remplace pas l'hôpital

Tonnerre d'applaudissements à la projection de presse, ovation de dix minutes le soir: Michael Moore n'a pas raté son retour à Cannes (hors compétition). Son documentaire «Sicko» frappe fort. Il ne met pas seulement à jour les failles du système de santé américain. Il encourage à la vigilance ceux qui défendent un système solidaire et équitable. Bienvenue dans un pays où la mortalité infantile est plus élevée qu'au Salvador: les Etats-Unis. Oui, vous avez bien lu. Cinquante millions d'Américains sont dépourvus d'assurance maladie. Avec des conséquences dramatiques: Vous vous coupez deux phalanges? Le médecin vous proposera peut-être de vous recoudre l'une ou l'autre, en fonction de vos moyens. Vous n'avez plus le moyen de payer l'hôpital après un accident? On vous larguera peut-être en chemise de nuit à proximité d'un refuge de sans-abri. Vous êtes esclave d'un job payé une misère? Normal, avec 35 000 dollars de prêt étudiant à rembourser. Vous n'avez pas encore pris votre retraite à 69 ans? Bravo, on n'est jamais trop prudent! Après «Fahrenheit 9/11», Palme d'or à Cannes en 2005, Michael Moore a lancé un appel par internet: «Racontez-moi vos histoires d'horreur avec le système de santé!» En peu de temps, 25 000 messages ont inondé sa boîte. Le cinéaste à la casquette est un reporter partial et un cinéaste trop porté sur le sentimentalisme facile. N'empêche: son sens du comique et du timing est foudroyant. Et quand il saute dans la mare, ça remue! Le constat de «Sicko» est simple: si les assurances américaines augmentent leurs profits chaque année, c'est qu'elles refusent des soins au plus grand nombre d'assurés possible. Nixon a fixé le cadre légal, le Congrès bétonne le système. Comment pourrait-il en être autrement? La santé compte à Washington quatre lobbyistes pour chaque député. Démocrates et républicains reçoivent pour leurs campagnes des fortunes venant des caisses privées. A en croire les chiffres donnés par Michael Moore, Hillary Clinton pointe quasiment en tête. Comme tout est verrouillé chez lui, le réalisateur est allé voir comment les choses se passaient au Canada, en Grande-Bretagne, en France, à Cuba? Avec une mauvaise foi aussi jubilatoire que patente, le cinéaste interroge médecins, patients et Américains exilés. Il feint l'apoplexie devant une aide à domicile française: «Non, chez nous, le gouvernement n'envoie personne faire votre lessive quand vous accouchez?»

21 mai 2007, 12:00

A aucun moment pourtant, le cinéaste ne se penche sur les coûts de chacun des systèmes survolés. On pourra lui en faire le reproche, lui se veut un détonateur: «J'ai décidé de faire un film au ton différent. Je ne voulais pas que le public se borne à applaudir le fait que je mette certaines personnes en difficulté. Les choses ne changeront que si les gens se bougent. Mon film est un appel à l'action. J'ai aussi voulu toucher les gens qui ne sont pas du même bord que moi.»

A Cannes, Michael Moore pouvait jouer sur tous les tableaux: jeter des fleurs aux Français pour leur système social et les charrier en même temps: «Nous sommes amis il me semble, depuis que vous avez un nouveau président?» / CHG

Retrouvez l?intégralité de la rencontre de Michael Moore avec la presse sur notre blog http://cannes07.wordpress.com
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