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Pour Guy Corneau, il faut oser changer

05 nov. 2011, 09:16

Il propose des outils ? ses lecteurs, ? son public. Jeudi soir, Guy Corneau, psychanalyste qu?b?cois, donnait une conf?rence ? Neuch?tel, dans un temple du Bas bond?. Pr?s de 500 personnes ?taient venues ?couter cet auteur ? succ?s. ?Une tr?s belle salle, une bonne ?coute?, rel?ve-t-il, le lendemain, au petit-d?jeuner, les yeux dans le bleu gris du lac. La soir?e avait d?but? par une visualisation, une courte int?riorisation dans un silence total. ??a permet de se d?gager de ses petits tracas. Du genre que va-t-on manger? Mais aussi de probl?mes plus importants.? De sa voix douce, Guy Corneau a guid? les auditeurs vers leur chemin int?rieur. Interview au r?veil.

Pour vous, la maladie est un rappel ? l'ordre?

Oui, c'est le signal d'une perte de contact entre son personnage de surface et son moi profond. Pour Pierre Cazenave, ?galement psychanalyste, le cancer est une catastrophe qui fait ressurgir une autre catastrophe. ?a peut ?tre un traumatisme dans l'enfance, par exemple. On sait que le cancer est une ?pid?mie multifactorielle. Il faut donc s'attaquer ? ses multiples causes: alimentation, hygi?ne de vie et psychisme notamment. La th?rapie est importante, car les gens atteints d'un cancer culpabilisent souvent. La sant?, c'est une circulation d'?nergie, il faut comprendre pourquoi ?a dysfonctionne.

Vous dites que les gens racontent volontiers ?ce qui ne va pas?...

Les abonn?s au malheur refusent le changement, ils en ont peur et se sentent valoris?s comme victime. Ils en tirent des b?n?fices secondaires: on les ?coute. En faisant des choix, on f?che peut-?tre les autres, on risque d'?tre moins aim?.

On note une majorit? de femmes lors de vos conf?rences, pourquoi?

C'est vrai que les salles sont remplies de deux tiers de femmes. Mais je vois beaucoup de couples aussi. La femme est peut-?tre plus sensible ? son moi int?rieur, elle r?fl?chit plus. L'homme est tourn? vers l'ext?rieur, il veut agir. Parfois, en th?rapie, je dois dire aux femmes: agissez d'abord!

Vous citez souvent, comme exemple de changement, un entrepreneur du Mans. Mais la recette peut-elle s'appliquer ? des personnes moins favoris?es?

Monsieur Prunier a oubli? de s'?couter pendant 30 ans, il se morfondait. Je suis impressionn? par son changement. Quand il a enfin d?cid? de mettre en pratique ce qu'il souhaitait - la peinture - son rapport aux autres, ? sa famille a compl?tement chang?. C'est incroyable!

Pour les sans-emploi, le probl?me vient de la d?valorisation personnelle, de la pauvret?, de l'exclusion: je n'ai plus d'argent, je n'existe plus. Il y a une perte d'identit?. Et ils int?grent le regard que la soci?t? porte sur eux. Il faut les aider ? se red?finir, ? leur montrer qu'ils peuvent exercer leur cr?ativit?. Comment s?duire un employeur potentiel si l'on se juge soi-m?me incapable?

Je demande, par exemple, aux personnes sans-emploi de se souvenir de quelques ?pisodes joyeux de leur vie. Mais, souvent, le pr?sent submerge les autres exp?riences. Or il faut s'appuyer sur des souvenirs heureux.

Pourquoi la peur du changement nous bloque-t-elle?

Il y a souvent une panique irrationnelle avant les gros changements. Alors allons-y pas ? pas. On a peur de mettre en jeu le regard des autres, de mettre en avant ses valeurs propres et sa cr?ativit? qui se trouve dans l'inconscient. Quand on n'arrive pas ? l'activer, on se r?fugie dans la compensation.

Les compensations sont des r?sistances au changement. On veut changer mais on n'ose pas alors on adoucit le malheur. Durant mes conf?rences, j'aime introduire un peu d'humour. Faire rire permet de prendre un peu de distance, d'adoucir l'angoisse. Je dis, par exemple, que toutes les compensations commencent par ?s?: sexe, sucre, shopping, sigarette, socolat...

Quels souvenirs gardez-vous de vos ?tudes ? Zurich?

J'ai ador? cette p?riode. De 1977 ? 1982, j'avais une chambre pas loin du lac, dans le quartier de Seefeld. J'?tudiais ? l'institut Carl Gustav Jung. La jeunesse manifestait sa r?volte et son envie d'une autre soci?t?. De leur imaginaire sont n?es des actions originales, facteurs de changements sociaux. Une chose m'avait frapp? dans les magasins, on consommait d?j? les produits locaux en priorit?. On acceptait de payer un peu plus cher des produits suisses. Ce n'est pas du protectionnisme, mais une mani?re de faire vivre son pays. Une notion que je ne connaissais absolument pas au Canada.

Il faut que ?a change pour soi, mais aussi dans la soci?t?, non?

Les gens souffrent de la crise. Nous vivons dans un mod?le ?conomique qui court ? sa perte. D'ailleurs, le cri des indign?s m'impressionne, m?me si j'ai le sentiment que nous avons encore trop de confort pour qu'il se g?n?ralise: on se dit tant que ?a dure... La crise de 2008 n'a servi ? rien, nous sommes repartis dans la m?me direction. Si le dollar ou l'euro s'effondre, on va tous trinquer.

Plus de renseignements sur:
www.guycorneau.com

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