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Poupée de cire, poupée glaçon

15 avr. 2008, 12:00

Elle me regarde depuis des années, cette femme de Calcutta? Une photo de Benoît Lange posée sur un meuble rose fané, une photo en noir et blanc. Pas le dur contraste du noir et du blanc, non, mais les nuances du gris, du gris tendre pour dire la douceur de ce visage. Le reflet du soleil blanchit la chevelure. Quel âge a-t-elle? Sans doute moins qu'elle ne paraît.

Un regard clair. Une lumière. Qui s'offre et qui capte. Qui irradie et se prolonge dans la ride creusée au coin des yeux. Sous la paupière, de fins sillons rayonnent comme les éclats du soleil. Des cernes tracés comme un trait de fusain, une ombre, une ponctuation qui soulignent la pâleur de l'iris.

Et puis la douceur infinie du sourire, de ces lèvres pleines joyeusement mises entre parenthèses par le pli des joues.

La vie a griffé ses traits. Elle est sereine. Elle est belle.

A la une des journaux people, des visages tendus comme la peau d'un tambour. Tous figés dans la même expression botoxée. Des chairs mortes après la morsure de l'aiguille. Des momies aux pommettes saillantes.

Les poupées de cire dissimulent leurs cicatrices sous leurs cheveux teints. Blanches incisions invisibles du scalpel, tellement trahies par la tempe trop lisse. Les poupées de cire n'osent plus rire, elles affichent des sourires rictus qui font songer à Jack Nicholson jouant son Joker.

Poupée de cire, poupée glaçon.

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