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Pardonnez-nous nos offenses comme...

01 déc. 2007, 12:00

Il a cassé sa tirelire pour offrir des pains au chocolat à ses copains. Mal lui en a pris.

- Fils de pédé!, lui a lancé un petit camarade de classe à la récré.

C'est la mort de son père qui a mis le feu à la traînée de poudre, à la rumeur qui empoisonne sa vie. A la souffrance d'avoir perdu son papa est venue se greffer l'immonde calomnie. Personne ne sait pourquoi, ni comment, ni quand elle a commencé. Les profs, la parenté, les voisins ne comprennent pas qui a lancé les quatre lettres «sida» comme une infamie à la tête de ce gamin, incapable de retrouver ses marques face à une hostilité intolérable. Au point que sa mère envisage de déménager dans une autre ville. Elle veut préserver son petit de la cruauté des autres enfants, de la violence terrible, des regards sous-entendus des bien-pensants du quartier.

J'avais les larmes aux yeux, j'étais touchée, émue et pleine de compassion pour cette femme qui me racontait tout cela. Jusqu'à ce qu'elle m'assène le coup de grâce en brandissant un document sous mon nez:

- Voici le certificat d'inhumation! Il n'est pas question de sida...

Me prenant à témoin, elle ajoute: «Mon mari est mort d'une maladie qu'il a ramenée d'Asie, mais c'était pas le sida. Mon mari était propre!»

Les bras m'en tombent. Quel est ce monde où les victimes rejoignent leurs bourreaux dans l'opprobre et l'invective?

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