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Les pyjamas font tache à Shanghaï

AShanghaï, la ville la plus moderne et la plus tendance de Chine, une habitude, considérée par certains comme particulièrement ringarde, a la vie dure: la promenade en pyjama en plein jour.

13 nov. 2006, 12:00
Pas de soutien-gorge

«Personne ne m'a jamais dit que c'était inapproprié et pour moi ça ne l'est pas», tranche Sun Mei, une Shanghaïenne à la retraite. Faisant ses courses dans un supermarché, elle semble bien à l'aise et sans complexes dans son vêtement de nuit décoré de personnages de dessins animés.

«Il y a plein d'étrangères à Shanghaï qui portent des décolletés généreux. Certaines femmes ne portent même pas de soutien-gorge. Cela nous met mal à l'aise aussi», se défend-elle.

Dans cette mégapole de 17 millions, il n'est pas rare de voir le pyjama nonchalant cohabiter avec les minijupes des jeunes femmes dans le vent ou les costumes impeccables des hommes d'affaires pressés. Il est présent partout, porté à bicyclette ou dans une maison de thé d'un jardin paisible.

«Ceux qui portent des pyjamas s'avilissent eux-mêmes»

Une enquête récente sur les vêtements démodés les plus en vogue a montré que 16% des personnes interrogées indiquaient qu'elles ou des membres de leur famille portaient souvent le pyjama en public, 25% de temps en temps.

Mais la ville est divisée, car, selon une étude menée par Yang Xiong, sociologue à l'Académie des sciences sociales de Shanghaï, le phénomène est considéré comme l'un des traits les plus désagréables de la ville avec les crottes de chiens sur les trottoirs.

«Ceux qui portent des pyjamas (dans la rue) s'avilissent eux-mêmes, car cela démontre leur peu de goût et leurs faibles qualités personnelles», s'enflamme le sociologue Hu Shoujun de l'Université de Fudan. «C'est un manque de respect envers les autres, enfin et surtout ce n'est pas propre», juge-t-il.

Ressemblance avec des tenues chinoises classiques

Pour Mou Lin, responsable adjointe de la rubrique mode du magazine «Elle», l'une des explications de cette tendance à porter le pyjama en pleine rue et en plein jour est sa ressemblance avec des tenues chinoises classiques.

Cependant, pour le sociologue Yang Xiong, l'évolution de la société chinoise, bouleversée par les réformes économiques engagées à la fin des années 1970, peut expliquer le rejet croissant de ce phénomène. Il y a encore dix ans, il était naturel de porter des vêtements de nuit dans les petites allées traditionnelles de l'ancienne concession française, où la surpopulation était monnaie courante.

Mais la généralisation des appartements privés dans les grandes tours a changé la donne, ajoute-t-il. «Shanghaï étant devenue une métropole, la différence entre l'espace public et l'espace privé s'est accentuée et c'est pourquoi les pyjamas sont devenus un problème», estime-t-il. / ats-afp

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