«Au matin du 21 mars, le commissaire prit le temps d'aller saluer chaque arbre et chaque branchette sur le nouveau parcours qui le menait de sa maison au bâtiment de la Brigade». C'est aussi pour ça qu'on l'aime, Jean-Baptiste Adamsberg. Pour ce petit rituel, pour cette attention toute personnelle portée à l'arrivée du printemps. 21 mars, une date. Un repère. Qui l'eût cru de la part de ce «pelleteux de nuages», de ce flic qui se fie d'avantage à ses intuitions plutôt qu'à la froideur du raisonnement?
La pluie et les giboulées giflent les rues de Paris, dans les lignes écrites par Fred Vargas. Le même temps pourri qui, ici, a salué l'éveil du printemps, nouveau-né transi dans son berceau blanchi par le gel. Repère brouillé. Deux heures d'avion, et c'est sous le soleil tunisien que j'assiste à l'éclosion «adamsbergienne» de la nature. Plages de sable fin, palmiers, hibiscus en fleurs. Un vrai printemps. De vrais rayons de soleil, auquel on offre chaque parcelle de peau. Sur les chaises longues, la chair carbonisée rivalise avec la cellulite et les ventres bedonnants. Pour beaucoup, déjà l'été. Le fort vent frais charriant les relents de l'hiver tente de démentir, en vain. Repères brouillés.
Deux heures d'avion pour passer de l'hiver au printemps, du printemps au faux été. Un Tunisien me dit que huit heures de bus lui sont nécessaires pour aller à Tunis. Le temps de faire l'aller-retour Djerba-Genève, emplettes au souk comprises. L'estomac va bien. Je me sens juste un peu brouillée côté repères.