Un grand cube de métal qui semblait flotter sur les eaux calmes du lac. Voilà l'image qui me vient à l'esprit quand j'entends parler de Jean Nouvel, lauréat depuis une semaine du prix Pritzker, le Nobel de l'architecture. C'était en 02, et les souvenirs que j'ai de ma journée passée sur l'arteplage de Morat ne sont pas encore rouillés. Pourtant, il tombait une pluie fine ce jour-là. Je repense à l'attente en compagnie de dizaines d'autres Suisses avant l'abordage. La présence du monstre métallique s'imposait mètre après mètre. Le ciel disparaissait, l'eau s'effaçait devant les grandes parois ocre foncé. Puis on était happé dans la pénombre. La nuit nous enveloppait. Dans ces sombres entrailles imaginées par l'architecte français la lumière jaillissait tout à coup via un diaporama géant. Du ciel bleu et de gros nuages éclatants s'offraient aux regards surpris. Plus haut, une antichambre, une nouvelle attente avant de découvrir le «Panorama de la bataille de Morat». Nonante-cinq mètres de déroute peinte sur toile. Les Bourguignons défaits par les Suisses au deuxième jour de l'été 1476. Déboussolés ou émerveillés, il fallait bien revenir à terre. En m'éloignant de l'icône de Morat, je pensais y revenir. Hélas! L'Expo terminée, toutes les initiatives visant à conserver cette ?uvre de Jean Nouvel se sont cassé les dents contre la réalité crue des chiffres. Et pourtant, le Monolithe aurait encore toute sa place à Morat. On viendrait du monde entier pour entrer dans un cube.
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