Le commerce de détail reste optimiste malgré la crise

Après quatre années de croissance vigoureuse, le commerce de détail est à un tournant. La saturation du marché et la crise se traduiront par un ralentissement, voire une stagnation des ventes cette année, selon une étude du Credit Suisse. Les acteurs du secteur restent pourtant optimistes.

08 janv. 2009, 11:07

Les chiffres d'affaires du commerce de détail (lire aussi nos éditions de lundi et d'hier) n'augmenteront que faiblement, piétineront dans quelques segments et reculeront dans d'autres, relève une étude de la banque, menée en collaboration avec la société de conseil Fuhrer & Hotz et publiée hier.

Alors que la taille du gâteau à se partager reste la même et que le discounter allemand Lidl s'apprête à pénétrer le marché suisse, il y aura inévitablement des perdants, a expliqué Martin Neff, économiste du Credit Suisse, devant la presse à Zurich. Mais aucun des acteurs ne veut croire qu'il en fera partie. Plus de huit entreprises interrogées sur dix s'attendent ainsi à une progression sensible de leurs ventes. La consommation ne va pas s'effondrer du jour au lendemain, a ajouté Martin Neff. Elle va s'affaiblir, mais continuer à être la principale composante du produit intérieur brut et profiter au commerce de détail. Seuls les produits de grande consommation, de santé et de soins corporels afficheront une forte croissance en 2009. L'alimentation connaîtra une demande stable, même si les produits de marque seront toujours plus substitués par des copies bon marché. Les consommateurs économiseront sur les biens durables comme les voitures, les appareils électroniques ou les meubles, plutôt que sur les biens courants.

Dans ce contexte, les discounters seront ceux qui tireront le mieux leur épingle du jeu. Les entreprises établies, à l'instar de Coop ou Migros, maintiendront leur position, mais elles risquent de perdre des parts de marché, a relevé Martin Neff. Les détaillants indépendants laisseront le plus de plumes, en particulier ceux du secteur non alimentaire.

Le marché suisse, attractif grâce au fort pouvoir d'achat, est déjà très dense. La croissance du commerce de détail se fait donc au détriment des petits magasins pendant que les grandes chaînes internationales y trouvent leur compte.

Dans cet environnement concurrentiel, les grands groupes verront la productivité de leurs magasins diminuer. Leurs surfaces de vente progressent plus vite que leurs chiffres d'affaires depuis plusieurs années. Le marché arrive à saturation. La Suisse compte d'ailleurs beaucoup trop de surfaces de vente en comparaison internationale.

Sur le plan de l'emploi, les économistes du Credit Suisse tablent sur un léger repli dans le secteur qui emploie quelque 340 000 personnes. L'arrivée de Lidl et l'extension du réseau d'Aldi ne permettront pas de résorber les suppressions de postes liées aux besoins de rationalisation chez les autres détaillants.

En dépit d'un contexte difficile, les acteurs de la branche témoignent de leur optimisme en prévoyant d'augmenter leur budget marketing cette année. Deux entreprises sur trois ont répondu en ce sens au sondage de Fuhrer & Hotz. /ats