Après avoir franchi la ligne d'arrivée, le maillot jaune Gil constatait avec amertume qu'il avait concédé 4'' à Jaksche et à Ullrich en raison d'une cassure dans le peloton. L'Espagnol ne mâchait pas ses mots. «Je trouve déplorable qu'on mette cinq virages dans le dernier kilomètre d'une étape d'une épreuve du Pro Tour. C'est se moquer de la santé des coureurs et nous faire courir des risques insensés.»
Koldo Gil assure qu'il attaquera dans l'étape en boucle à Ambri aujourd'hui pour tenter de reprendre du temps à ses deux dauphins allemands avant le contre-la-montre de demain entre Chiètres et Berne.
«Je ne vais pas me fusiller complètement non plus, poursuit Gil. Je dois garder des forces pour le contre-la-montre.» L'Espagnol a fait des essais poussés en soufflerie cet hiver. Il a modifié sa position car trop couché sur le vélo il bloquait sa circulation sanguine au niveau des côtes. Désormais, il a perdu un peu en aérodynamisme mais il a gagné en puissance comme en témoigne sa victoire dans le contre-la-montre de la Bicyclette basque.
Entre deux grands rendez-vous alpins, le peloton avait accordé un bon de sortie à huit coureurs lors de la plus longue étape entre St-Moritz et Ascona (233,7 km). Freire figurait déjà dans cette échappée qui s'est dessinée au 55e km. Le triple champion du monde était accompagné entre autres par les Suisses Beat Zberg et Martin Elmiger et par l'Australien Michael Rogers. Les huit hommes ont compté plus de 9 minutes d'avance au moment d'aborder l'ascension du col du Lukmanier. A l'approche du sommet, les coureurs ont essuyé le premier orage de l'épreuve alors que leur avance se réduisait. Au sommet, l'échappée ne possédait plus que 6'30'' d'avance à 88 km de l'arrivée.
A 12 km de l'arrivée, Rogers décidait de procéder à une sélection dans le groupe de tête alors que le peloton était à ses trousses. Seul l'Italien Salvatore Commesso, qui était souvent resté en queue de groupe, parvenait à prendre sa roue avant le retour de Freire et de l'Australien Matthew White.
Dans une lueur de génie, Freire n'attendait pas le sprint pour s'imposer. A 4 km de la ligne, il préférait sauter pardessus une berne centrale juste avant d'aborder un giratoire afin de passer à gauche alors que tout le monde s'engageait sur la droite. A la sortie du rond-point, le trou était fait et il allait fêter sa quatrième victoire de la saison. Un succès qui lui tenait à coeur puisqu'il vit près de Mendrisio. /si