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L'égalité des sexes pourrait tirer le Japon de la crise

Confronté à la plus grave crise démographique de son histoire en raison d'un effondrement de la natalité, le Japon est obligé de se pencher sur le rôle des femmes dans la société. Mais le chemin vers l'égalité des sexes est encore long.

03 nov. 2006, 12:00

La puissante fédération patronale Keidanren a accueilli cette semaine à Tokyo un colloque spécifiquement consacré à la corrélation entre parité et taux de natalité. Si l'impact positif du travail des femmes sur la natalité est avancé depuis des années par les organisations internationales, l'idée a encore du mal à s'imposer dans une société japonaise encore très misogyne.

«Certains Japonais sont persuadés que la dénatalité s'explique par l'augmentation du taux d'activité professionnelle des femmes», a regretté Kumiko Bando, directrice générale au secrétariat d'Etat chargé de la parité et de la natalité. En fait, 70% des femmes actives japonaises démissionnent pour enfanter.

Mais de plus en plus de Japonaises préfèrent ne pas avoir d'enfants plutôt que sacrifier leur carrière, en raison de la discrimination contre les mères de famille qui travaillent et du manque criant de services de garde.

En 2005, la publication du taux de fécondité à son plus bas niveau historique (1,25 enfant par femme) a cependant provoqué un choc dans l'opinion publique. Un récent sondage montre que 80% des Japonais s'inquiètent du phénomène, qui promet également d'avoir des conséquences néfastes sur les retraites et les dépenses de santé.

«Jusqu'en 2005, le Japon se polarisait sur le vieillissement de sa population, mais le choc de l'annonce du faible taux de fécondité attire désormais l'attention sur la natalité», a observé Kumiko Bando.

Modèle français

Depuis, les autorités cherchent tous azimuts des solutions pour redonner le désir d'enfants aux couples japonais. L'une des pistes envisagées est de permettre aux Japonaises de pouvoir continuer à travailler tout en fondant une famille.

Tokyo s'intéresse notamment au modèle français, qui a retrouvé le «cercle vertueux» des naissances depuis 2003. Invitée à ce colloque, Dominique Meda, sociologue française du Centre d'études de l'emploi, a évoqué la politique familiale plutôt généreuse et les aides qui permettent de concilier vie familiale et professionnelle comme autant de raisons expliquant le fort taux de natalité (1,92 enfant par femme) de la France, au deuxième rang en Europe derrière l'Irlande.

Si la France n'est pas encore un modèle en matière d'égalité des sexes, selon Dominique Meda, l'ampleur du retard est beaucoup plus importante au Japon. Ainsi, les pères de famille japonais consacrent de quatre à cinq fois moins de temps aux tâches ménagères et parentales que leurs homologues français.

Les femmes françaises ne gagnent que 80% en moyenne du salaire annuel des hommes, mais ce pourcentage tombe à 67% au Japon. «Lorsque les femmes japonaises gagneront autant que les Françaises, une bonne partie du rêve (égalitaire) sera réalisé», a estimé Fusako Utsumi, récemment nommée à la tête de NEC learning ltd, filiale de ressources humaines du groupe électronique japonais.

Le gouvernement nippon, qui vient de commencer à s'attaquer à la crise démographique, veut mettre les entreprises à contribution pour faire évoluer les mentalités. Mais les autorités peinent à «dégager une convergence de vue sur les méthodes et la définition des priorités», a reconnu Kumiko Bando.

Les experts préconisent une augmentation des prestations familiales (six fois moins importantes qu'en France), mais la délicate question du déblocage des crédits budgétaires, au moment où le Japon est confronté à une dette publique abyssale, n'a pas encore été tranchée. Si aucune mesure n'est prise, le Japon ne comptera plus que 60 millions d'habitants en 2100. /MKO-afp

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