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Ces années où la Suisse coloriait le monde

Une exposition retrace, à Paris, l'aventure du photochrome, entre 1876 et 1914. Des années d'emprise helvétique sur la «photographie» couleur grâce au pionnier Hans Jakob Schmid. Passé révolu, mais qui continue de fasciner amateurs et collectionneurs.

05 mars 2009, 09:41

L'an dernier est mort le dernier artisan maîtrisant parfaitement la technique du photochrome, vieille de plus d'un siècle et oubliée depuis longtemps. Dans son atelier zurichois, Peter Kunz n'avait pas son pareil pour travailler le bitume de Judée (une pierre photosensible) et l'exposer à la lumière. Il en faisait de savantes impressions sans trame et retouchait l'image au pinceau.

L'opération pouvait prendre plusieurs semaines. Le résultat, souvent époustouflant, vous projetait presque inévitablement ailleurs, autrefois, dans une époque où la photographie couleur vivait ses premières heures, balbutiantes.

La Bibliothèque Forney, installée dans le superbe Hôtel de Sens à Paris, ressuscite ces années photochrome. Trente ans au cours desquels les plus beaux négatifs du monde filaient en Suisse pour être colorisés avant d'être revendus, sous forme de cartes postales, de livres ou d'images panoramiques, à une clientèle en pleine croissance: les touristes.

En 1875, la photo a quarante ans, l'âge de raison. Les images de la guerre de Sécession, comme celles du siège de Paris, témoignent d'un art en plein essor, trouvant chaque jour de nouveaux débouchés. Manque pourtant quelque chose.

«Il est impossible de voir une image reproduite dans la chambre noire sans se demander si la science n'arrivera pas un jour à la fixer telle qu'elle s'y reflète, c'est-à-dire avec ses couleurs», résume alors l'écrivain Paul de Saint-Victor. La couleur obsède. Faute de mieux, certains colorient les épreuves au pinceau. D'autres, tels Louis Ducos du Hauron, inventent la trichromie en mélangeant les trois couleurs primitives, bleu, jaune et rouge. Peu convaincant. Et commercialement médiocre.

Sur les bords de la Limmat, Hans Jakob Schmid, petit employé d'Orell Füssli, s'échine à travailler l'asphalte photosensible. Banco: en 1888, la société dépose le brevet du photochrome, oubliant au passage l'infatigable Schmid. «Simple et modeste, il n'a pas su exploiter son invention à son profit», notera l'auteur de sa nécrologie. /MVB

Cet article est repris du site www.swissinfo.ch. «Voyage en couleur, Photochromie, 1876-1914». Bibliothèque Forney, Paris.

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