null Une fois de plus, le domaine de l’asile fait débat dans le monde politique, et il risque de rester longtemps au centre des discussions puisque l’UDC a décidé d’en faire son sujet de prédilection pour les élections fédérales de l’automne prochain.

Il y a bien trop de requérants d’asile qui nous arrivent, nous dit-on. Et pour bien montrer que le parti conservateur ne reculera devant rien, son président s’inspire de l’ex-premier ministre britannique Boris Johnson pour proposer que la Suisse évacue ses requérants d’asile vers un pays africain.

Pendant ce temps, discrètement, le Secrétariat d’État aux migrations les renvoie à tour de bras vers la Croatie, au nom des accords de Dublin alors que, depuis longtemps, des mauvais traitements systématiques (coups de matraque, téléphones portables brisés, argent confisqué, etc.) sont documentés dans ce pays appelé à faire barrage sur la route des Balkans.

Une pétition demandant l’arrêt de ces renvois, munie de plusieurs milliers de signatures, n’y change rien.

Et s’il y avait une vraie détresse? Cette idée ne semble guère effleurer l’esprit des administrateurs de la politique d’asile.

En outre, pour ne pas trop laisser le champ libre à la socialiste qui lui succède, la cheffe du Département fédéral de justice et police, Karin Keller-Sutter, a suspendu peu avant Noël la participation de la Suisse au programme de relocalisation de l’UNHCR, visant à accueillir des migrants très vulnérables. Pas besoin de ça, on en a déjà bien assez!

Enfin, les ministres de l’Union européenne se sont de leur côté réunis pour étudier les possibilités de renforcer la surveillance policière des frontières, afin de «contenir le flux migratoire».

Et s’il y avait une vraie détresse? Cette idée ne semble guère effleurer l’esprit des administrateurs de la politique d’asile. Pourtant, en l’espace d’un mois, il y a eu deux suicides dans les centres de requérants d’asile genevois. On n’en a pas beaucoup parlé; les politiciens n’aiment pas trop. C’est l’indice que cela touche des êtres humains dans toute leur fragilité, alors qu’on avait si bien réussi à déshumaniser tout ça!

Je rends hommage à la mémoire des deux suicidés: ils sont le visage humain de la migration.

Qui s'inquiète de la détresse des requérants d'asile?

Après les deux suicides récents de requérants d’asile, le théologien Pierre Bühler dénonce notre politique d’asile.