null C’était quelques jours après la fête des morts et nous étions là pour penser ensemble les nôtres. On ne savait pas qui serait présent à ce petit bal des absents. Nous étions cinq, invité(e)s par une amie commune au prénom respirant la cardamome.

Je l’ai rencontrée dans la grotte livresque des Chavannes et j’ai appris d’abord qu’elle exerçait un métier important qui prend soin du mouvement, de ses excès et de ses empêchements.

Puis un jour, elle m’a dit qu’elle s’impliquait avec d’autres jeunes invitant à refuser bon nombre de nos excès motorisés. Je lui avais alors offert «La parole contraire», d’Erri de Luca. Quelques semaines plus tard, elle venait parler d’XR à la Boutique.

Il y a eu Géraldo Vandré, Barbara et Rilke. Il y a eu quelques anges passant dans un silence où il faisait bon prendre ses chagrins dans ses bras.

Là, nous étions dans un grand salon lumineux. Elle avait apporté des cailloux représentant nos peines ou nos disparus. Libre à nous de les prendre et de partager un bout d’histoire, une chanson, un chapelet de larmes.

Il y a eu Géraldo Vandré, Barbara et Rilke. Il y a eu quelques anges passant dans un silence où il faisait bon prendre ses chagrins dans ses bras. Il y a eu l’impression que certains rituels nous font défaut et qu’il nous revient de les faire qualité.

Ensuite le lac avant la soupe. Y déposer ou jeter ces petites pierres pour ne pas être des Sisyphe de la tristesse. Nager pour ceux qui le souhaitaient.

Nous étions proches de chez Pierre Chappuis, décédé voilà deux ans. Il y a ces mots, dans «Comme un léger sommeil»: «Joie d’aller et venir, au large, dans la mémoire à claire-voie de novembre, poreuse, mouvante, cotonneuse.»

La mémoire à claire-voie de novembre

Le bouquiniste Karim Karkeni se réunit avec quelques personnes pour se remémorer ceux qui ne sont plus là. Un rituel qu’il partage avec nous.