null C’est un peu par hasard que l’artiste Pierre Soulages a découvert qu’en peignant le noir, il captait la lumière, qui devenait de fait son instrument. Ses œuvres, déroutantes parfois, invitent à regarder ce que le peintre n’a pas lui-même déposé sur la toile. Il suffit de changer d’angle de vue pour que le tableau montre autre chose, parle autrement, éveille l’imagination.

Cela fait écho à ce que nous vivons notamment à la Lanterne, lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue en Ville de Neuchâtel. Nous y accueillons des personnes dont la vie n’est pas toujours radieuse, voire parfois franchement sombre. Et en même temps, dans la discussion, le partage et la prière, des rais de lumière apparaissent, pas toujours mais souvent; des renaissances se font jour; de nouveaux départs sont alors possibles.

Un matin, dans l’histoire du monde, le noir d’un tombeau alors vide a laissé place à la lumière de la vie.

Et comme l’artiste, c’est souvent un peu par hasard que nous sommes témoins de ces changements parfois subtils, mais bien présents. C’est aussi en faisant un pas de côté que nous voyons la réalité un peu différemment.

Pâques invite à chercher, au-delà de l’évidence des traces de vie, des raisons d’espérer qui peuvent apparaître là où on ne les attend pas, là où on ne les espère plus, là où on est certain qu’elles ne sont pas. Et souvent, c’est le hasard d’une rencontre qui nous ouvrira à cet horizon. C’est aussi en nous décentrant de l’évidence, en nous laissant toucher d’une autre manière que nous verrons une lumière se faire jour.

Un matin, dans l’histoire du monde, le noir d’un tombeau alors vide a laissé place à la lumière de la vie. Celle-ci a animé des femmes d’abord, puis des hommes, les a mis en route pour annoncer avec leurs mots cette expérience d’une lumière jaillie de la noirceur de la mort.

Et aujourd’hui, c’est à nous de faire de cette lumière notre instrument pour donner des couleurs nouvelles à la vie.

Jean-Marc Leresche, diacre dans l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel

Du noir jaillit la lumière

Les fêtes de Pâques nous rappellent qu’il y a toujours des raisons d’espérer, car c’est du noir qu’émerge la lumière, nous dit Jean-Marc Leresche, diacre dans l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel.