null Selon le théologien et journaliste catholique progressiste Erwin Koller, il y aurait cinq scissions au cœur de l’Eglise catholique.

Tout d’abord, une conception éclatée de la morale sexuelle catholique. Une morale est propagée, qui n’est pas à la hauteur de l’expérience vécue des gens. Des commandements sont énoncés, mais se figent dans une morale inhumaine.

Ce clivage remonte au manichéisme latent chez Saint Augustin et chez Martin Luther eux-mêmes. L’homme est divisé contre lui-même. La conception du péché conduit à une séparation absolue entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres.

Une deuxième difficulté concerne l’Eglise elle-même. Supposée parfaite, elle ne permet pas aux humains que nous sommes de vivre leur vie dans l’authenticité. Elle ne facilite pas non plus l’aveu qu’il s’agit d’un problème de fond pour l’Eglise elle-même.

Le malaise culturel et ecclésial est profond, avec son risque d’implosion de l’Eglise catholique

Derrière cette image clivée de l’Eglise se tiennent des structures puissantes, en particulier celle du célibat obligatoire des prêtres. Seul un homme abstinent du point de vue sexuel peut être un prêtre digne de ce nom, un prêtre à l’abri de ce que vivent les gens «normaux ». Et cela, malgré les exceptions particulières déjà accordées à certains ecclésiastiques.

Un quatrième clivage a trait à l’exclusion des femmes de la prêtrise. Elles appartiennent à un ordre inférieur aux prêtres et ne sont pas de vraies partenaires pour eux. Malheur à eux, une fois encore, s’ils ne se tiennent pas à la hauteur de leur célibat. Les abus sexuels ne sont pas loin.

Cinquièmement, une caractéristique de cette hiérarchie masculine réside dans le manque de régulation des pouvoirs. Le chef se donne lui-même ses normes. Les prêtres tournent en rond autour de leur pouvoir sacerdotal hermétique.

Le malaise culturel et ecclésial est profond, avec son risque d’implosion de l’Eglise catholique (Danièle Hervieu-Léger). Il y va en effet d’un aggiornamento radical de l’Eglise, de son éthique et de son droit canon. Plutôt que de procéder à des réformettes, Rome a besoin d’une réforme de fond en comble, qui tienne compte du droit laïc et qui sorte par conséquent du mépris ancestral et toujours actuel envers la société civile.

La crise de l’Eglise catholique

Denis Müller, théologien et professeur honoraire de l’Université de Genève, nous éclaire sur les difficultés connues par l’Eglise catholique pour laquelle il prône une réforme «de fond».