null Sur la page, Dürrenmatt digressait à propos du Vallon de l’Ermitage. Je zyeutais surtout le radeau où deux jeunes jouaient avec un ballon. Ils faisaient écho aux larmes brodées par deux films: «Youth», de Paolo Sorrentino et «Vers un avenir radieux», de Nanni Moretti.

Dans le premier, un Maradona en net surpoids jongle avec le ciel, jusqu’à suffoquer, tant il a besoin de ce pont délavé avec l’enfance. Dans le second, l’épigone du réalisateur, à la fin d’une journée de tournage contrariante, tente de se réconcilier en tapant maladroitement dans une balle. Pourquoi en pleurer?

Je savais qu’il était temps, dépassant deux pommes depuis longtemps, de remiser les crampons; mon corps implorait mon chignon de ne plus se trémousser sur le terrain du FC Bonvillars. Salut ç’t’équipe!

Marchant de la gare de la Chaux-de-Fonds à la Méridienne, deux semaines plus tard, je pensais à tous ces arbres qui ne serviraient plus jamais de goals lors de parties plus ou moins improvisées.

J’allais dans cette librairie amie pour écouter Céline Hänni lire des extraits d’un texte de Pinar Selek: «Parce qu’ils sont Arméniens». Moment intense, dans un antre livresque rempli. Cogitations, indignations et joyeuse émulation étaient au rendez-vous.

La chute du texte de Dürrenmatt est brutale, il y dépeint l’homme comme un singe destructeur.

Puis, amicale improvisation, tentacules de poulpe et godets au Bistro, à deux pas. J’y étais convié par Anne et Yves, ce dernier en profitant pour me raconter la création de l’Association Des arbres pour rêver demain, qui est non seulement un succès en termes de collecte de fonds, mais aussi, mais surtout, pour ce qui ne se quantifie pas: donner un sens poétique.

La chute du texte de Dürrenmatt est brutale, il y dépeint l’homme comme un singe destructeur. Des démarches comme celle d’Yves remettent les pattes de l’espérance à hauteur d’humain, soit tout près des étoiles et aux orteils des arcs-en-ciel, là où toutes les frappes de loin terminent dans la lucarne.

Si je savais faire des haïkus comme sieur Tissot, j’en risquerais un avec «chapeau pas» et sombrero (cet art subtil consistant à faire passer la balle par-dessus son adversaire); j’y brindillerais que plus c’est Tchaux, plus c’est beau.

Du foot pour pleurer hier

Le bouquiniste Karim Karkeni nous emmène au fil de ses pensées, qui vont d’une lecture de Dürrenmatt au drame de La Chaux-de-Fonds, en passant par des rencontres marquantes.