null Dans le chœur de la collégiale de Neuchâtel se trouve une œuvre d’art unique en son genre: un ensemble de sculptures peintes, qui surplombe le tombeau de plusieurs comtes et comtesses. Louis, le dernier représentant mâle de la lignée d’origine, l’a fait édifier en 1372. Il a confié sa réalisation à un artiste ayant travaillé à Bâle avant de s’établir à Neuchâtel.

Des dames vêtues de longues robes blanches ou colorées, des chevaliers bardés de fer, recouverts de cottes aux couleurs de la famille de Neuchâtel. Ces statues grandeur nature représentent très certainement Louis avec ses épouses successives, ses parents, ses enfants et son gendre. Les pierres tombales de son père, Rodolphe, et de sa mère, Éléonore, ont été incorporées au monument. À côté de cet ensemble, les successeurs de Louis ont fait construire leurs propres statues, comme pour s’intégrer symboliquement dans la filiation comtale.

En apparence, cette famille de pierre semble unie. Pourtant, que d’aventures, de malheurs et de dissensions ces hommes et ces femmes n’ont-ils pas connus de leur vivant!

Refusant de s’écarter, Isabelle se fait reconnaître cohéritière, avec sa sœur Varenne. Après la mort de Louis, survenue en 1373, elle s’impose comme la véritable cheffe de la famille.

Géniteur de trois fils légitimes, Louis pensait pouvoir léguer son comté à un successeur issu de son sang. Or, ses fils meurent les uns après les autres, dans des circonstances parfois tragiques puisque l’un d’entre eux s’éteint dans les geôles du duc de Bourgogne. Louis se résout à faire du mari de sa fille Isabelle son héritier. Or, celle-ci ne s’entend pas avec ce Rodolphe de Nidau, lointain cousin qu’on lui a choisi pour époux.

Refusant de s’écarter, Isabelle se fait reconnaître cohéritière, avec sa sœur Varenne. Après la mort de Louis, survenue en 1373, elle s’impose comme la véritable cheffe de la famille. Elle est très certainement figurée vêtue d’une robe rouge sur le monument.

La comtesse n’hésite pas à évincer de leurs seigneuries ses jeunes demi-frères, nés hors mariage. Elle remet à l’ordre sa belle-mère Marguerite de Vufflens, la dernière épouse de Louis, accusée de tyrannie par ses sujets de Boudry. En 1375, Rodolphe de Nidau, le mari d’Isabelle, meurt à la guerre. Devenue veuve et n’ayant pas d’enfant, elle désigne comme héritier son neveu Conrad, qu’elle a élevé à Neuchâtel depuis le décès de sa sœur Varenne.

Désirant montrer son appartenance à la lignée, Conrad fait placer sa statue à la droite du monument édifié par Louis. L’exemple sera suivi par ses deux successeurs, Jean de Fribourg-en-Brisgau et Rodolphe de Hochberg.

Le monument comtal de Neuchâtel, une histoire de famille

Loïc Chollet, docteur en histoire médiévale à l’Université de Neuchâtel, nous explique l’histoire qui se cache derrière les attributs du monument de la collégiale de Neuchâtel.