null Si on m’avait dit que former un modèle d’intelligence artificielle (IA) comme le GPT-3 reviendrait à conduire une voiture aller-retour jusqu’à la lune, j’aurais probablement ri. Cependant, les chiffres nous livrent une autre histoire. Selon des chercheurs, former ce modèle gigantesque équivaut à consommer environ 190 000 kWh.

En termes de carbone, cela revient à produire 85 000 kg d’équivalents CO2, l’équivalent d’une voiture européenne neuve parcourant 700 000 km. C’est pratiquement deux fois la distance entre la terre et la lune! Et n’oublions pas l’eau. Former GPT-3 aurait conduit à la consommation de pas moins de 700 000 litres d’eau. Stupéfiant, n’est-ce pas?

L’augmentation des coûts énergétiques liés à l’IA, qui a bondi de 300 000 fois entre 2012 et 2018, ainsi que la croissance des réseaux neuronaux comme GPT-3, illustrent l’envergure du défi. L’expert en impact de l’intelligence artificielle, Lasse Wolff Anthony, nous met en garde: «Les développements dans ce domaine vont à une vitesse folle, avec une croissance exponentielle. Cela signifie une consommation d’énergie croissante à laquelle la plupart des gens ne semblent pas penser».

Les centres de données nécessitent de grandes quantités d’eau douce, non seulement pour éviter la corrosion, mais aussi pour contrôler l’humidité.

Cependant, il ne s’agit pas de mettre un frein à la technologie. Après tout, l’IA recèle d’énormes opportunités pour aider notre climat. Il s’agit plutôt de prendre conscience du problème et de chercher des solutions. Parmi les recommandations, on préconise une utilisation plus raisonnée, l’emploi de techniques plus efficaces, l’utilisation d’accélérateurs IA spécifiques ou encore la formation des modèles dans des régions alimentées par des énergies renouvelables.

Comme l’eau est également un enjeu, les centres de données nécessitent de grandes quantités d’eau douce, non seulement pour éviter la corrosion, mais aussi pour contrôler l’humidité. Et ce n’est pas une ressource infinie: d’ici 2071, de nombreuses régions pourraient voir leurs réserves d’eau douce diminuer de près d’un tiers.

L’augmentation des besoins en conservation de données numériques souligne les défis du stockage sur le Cloud. Les coûts cachés de l’accès à ces énormes quantités de données sont souvent négligés.

En conclusion, tout n’est pas sombre. L’IA a le potentiel de transformer notre monde de manière positive. Toutefois, comme pour toute technologie puissante, une utilisation responsable et une prise de conscience de son impact sont essentielles. La technologie ne sera pas plus verte ni responsable que nous le serons.

IA: Des coûts énergétiques jusqu’à la lune… et au-delà

Le fondateur et directeur général de Canopé, Ivan Mariblanca Flinch, nous parle de l'incroyable consommation d'énergie induite par l'intelligence artificielle (AI).